jeudi , 28 mars 2024

Sarah Thornhill

Auteur: Kate Grenville

Editeur: Métailié – 2014 (255 pages)

Lu en septembre 2017

Mon avis: Envie de voyager dans le temps et l’espace ? Accordez-vous quelques heures, une petite journée, et rejoignez, sans bouger de votre confortable canapé, le 19ème siècle et la Nouvelle-Galles du Sud en Australie pour y faire connaissance avec la famille Thornhill.
Le père, William, est un Anglais banni de la mère-patrie pour on ne sait quelle peccadille. Après avoir purgé sa peine, l’ancien forçat s’installe sur ces terres peu hospitalières et colonise un bout de terrain qui n’appartient à personne (si ce n’est aux Aborigènes. Mais après tout, ils n’ont aucun titre de propriété, n’est-il pas, donc on peut les déloger sans autre forme de procès. Mais ça c’est une autre histoire. Ou pas, d’ailleurs). Toujours est-il qu’en quelques années William Thornhill s’est constitué une belle petite fortune et est désormais un riche propriétaire terrien respecté et presque respectable, ne serait-ce cette tache originelle imprimée par le bagne et pas tout à fait effacée. Et ce au grand dam de Meg, la deuxième épouse de William, pour qui les apparences comptent plus que tout au monde (et quand je dis « tout »…). Basique et envieuse, elle rêve d’ascenseur social, non pas par l’éducation (l’illettrisme est très répandu et pas vraiment combattu), mais par l’accumulation de richesses et la recherche de « bons partis » pour les enfants Thornhill, même si elle n’est que leur belle-mère. Et à propos, parmi les enfants Thornhill, trois garçons, deux filles, Sarah est la cadette, 7 ans au début du roman. Elle en est la narratrice, et malgré son langage mal dégrossi qui ne connaît pas les négations, elle est loin d’être idiote et dépourvue de bon sens. Elle mène une vie insouciante, heureuse au milieu de la nature et de sa famille. Et puis un jour elle tombe amoureuse de Jack, un ami de ses frères, métis. Et puis ils décident de se marier. Et puis les ennuis commencent. La famille de Sarah s’oppose au mariage, pensez, un métis sans le sou, quelle mésalliance. Jack part et ne revient plus, Sarah est désespérée. Quelques années plus tard, elle finira par épouser un gentil garçon, moins par amour que pour échapper à sa famille. Et puis les secrets du passé et les vérités honteuses referont surface et le drame se dénouera.
Dit comme ça, on pourrait croire à un mélo à l’eau de rose. Eh bien pas du tout. C’est romanesque, même romantique et s’il y a bien un violon irlandais pour vous tirer une larme, on est loin de s’engluer dans l’hystérico-sentimental. En plus d’être captivant, le roman est intéressant dans la mesure où il aborde la colonisation de l’Australie, le massacre des Aborigènes, le racisme et le métissage entre Blancs et « naturels », les rapports de classe entre anciens bagnards et exilés volontaires, avec en prime une incursion dans la culture maorie de Nouvelle-Zélande.
Des personnages attachants, une histoire prenante, un contexte historique instructif, tout ce qu’il faut pour s’évader.

Présentation par l’éditeur:

Sarah Thornhill est la fille cadette de William Thornhill, ancien bagnard devenu propriétaire terrien le long du fleuve Hawkesbury, des terres hantées par le souvenir de leurs anciens occupants aborigènes méprisés et massacrés. William s’est remarié avec une femme ambitieuse et bornée. Mais Sarah mène une vie heureuse près de ce père qu’elle aime. Elle est amoureuse du beau Jack qui l’aime aussi. Pourquoi donc tous s’obstinent-ils à empêcher cet amour ? Quel secret peut bien cacher un père par ailleurs si généreux et attentif ? 
Elle devra chercher des réponses dans un passé que tous s’appliquent à dissimuler et par-delà les mers, en Nouvelle-Zélande, où son frère a disparu en laissant une fillette à demi maorie que William Thornhill est bien décidé à considérer comme faisant partie de la famille, au grand dam de sa femme. 
S’inspirant de l’histoire de sa famille, Kate Grenville crée des personnages attachants et un récit passionnant, elle nous montre aussi que les vérités les plus fortes peuvent avoir besoin de détours pour se manifester au grand jour.

Evaluation :

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2 commentaires

  1. Il a l’air très chouette en effet ! Merci, je vais me le noter de ce pas.