Auteur: József Debreczeni
Editeur: Stock – 28 août 2024 (336 pages)
Lu en septembre 2024
Mon avis: Printemps 1944. József Debreczeni, journaliste juif hongrois, est déporté à Auschwitz. A l’arrivée, il choisit de justesse la bonne file, celle de droite, celle qui ne mène pas directement à la chambre à gaz. S’ensuivent des mois de travail forcé dans des conditions inhumaines, puis le transfert au camp de Dörnhau, où József passera sept mois, de novembre 1944 à mai 1945.
Dörnhau est un « hôpital » (en réalité un mouroir), où sont envoyés les prisonniers tellement éprouvés physiquement qu’ils ne sont plus capables de travailler.
A bout de force, grabataire, József Debreczeni survivra grâce à un reste de solidarité qui subsiste chez quelques-uns de ses compagnons d’infortune. Une survie qui tient du miracle, tant les conditions sont dantesques, entre la cruauté ou l’indifférence des gardiens, la déshumanisation des prisonniers transformés en brutes prêtes à tout pour une croûte de pain, l’absence totale d’hygiène, les épidémies, la famine, le froid.
Publié pour la première fois en 1950 mais traduit en français seulement en 2024, ce livre témoigne de l’enfer quotidien des camps de concentration, dans lesquels les limites de l’horreur, du dégoût et du désespoir sont chaque jour repoussées au-delà de l’imaginable.
L’auteur décrit en particulier la hiérarchie aussi complexe qu’efficace et cynique établie par les nazis entre les prisonniers, et la soumission, la collaboration, la corruption qui en découlent. Il met aussi en évidence les clans qui se constituent selon les nationalités, l’abrutissement moral et physique, la déshumanisation qui transforme les prisonniers en simples numéros, les privations et la violence, les trafics qu’elles engendrent, la main-d’œuvre bon marché que constituent les prisonniers « employés » par les entreprises proches des camps.
Un témoignage glaçant qui plonge le lecteur dans un quotidien infernal (âmes sensibles…), un livre encore et toujours utile et nécessaire sur la barbarie des hommes.
En partenariat avec les éditions Stock via Netgalley.
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Présentation par l’éditeur:
Ce texte essentiel, inédit en français à ce jour, prend sa place aux côtés de Si c’est un homme de Primo Levi et d’Être sans destin d’Imre Kertész, chefs-d’œuvre de la littérature concentrationnaire.
Lorsque József Debreczeni arrive à Auschwitz, son espérance de vie est de quarante-cinq minutes. C’est le temps qu’il faut aux déportés envoyés dans la file de gauche pour se déshabiller et être emmenés dans les chambres à gaz. L’auteur, lui, est dans la file de droite.
S’ensuit un voyage d’horreur de douze mois à travers ce qu’il appelle « le pays d’Auschwitz », jusqu’au camp final de Dörnhau, où il passera sept mois, de novembre 1944 à mai 1945, dans ce « crématorium froid », soi-disant hôpital où les Nazis envoient les prisonniers à bout de forces.
Page après page, le pays d’Auschwitz prend vie : József Debreczeni détaille le système hiérarchique concentrationnaire et l’implacable mécanique d’extermination mise en place par le régime nazi.
Page après page, des visages humains se dessinent. Les prisonniers qu’il côtoie sortent de l’ombre et deviennent des personnages vivants, uniques. Il les délivre ainsi de leur numéro et leur restitue leur humanité.