vendredi , 22 novembre 2024

33 révolutions

Auteur: Canek Sanchez Guevara

Editeur: Métailié – Rentrée littéraire 2016 (110 pages)

Lu en août 2016

33 révolutionsMon avis: 33 révolutions, 33 chapitres très courts, à peine le temps d’un refrain, d’une rengaine, cubaine, toujours la même. Pauvreté, pénuries, panne d’eau chaude et de courant.

33 Révolutions (hasta la victoria, siempre), 33 révolutions, 33 tours sur un disque rayé, avec l’aiguille qui trébuche et retombe sans arrêt dans le même microsillon. 33 p’tits tours et puis ne s’en vont pas mais tournent en rond, pas moyen d’en sortir, pas moyen d’en finir avec cette Révolution échouée sur la tombe de l’utopie communiste comme un radeau de candidats à l’exil lamentablement refoulé par les vagues sur la plage, cubaine, toujours la même. Patriotisme de façade, faux semblants de loyauté, tout va très bien Madame la Marquise, le meilleur des mondes. Mieux vaut se taire.

Cuba, une île mais pas un refuge, des plages mais pas le paradis, la chaleur qui ne réchauffe pas le coeur mais l’accable davantage. Rhum frelaté, tickets de rationnement, salsa, tabac, un peu d’amour pour tromper l’ennui et la désespérance. Cuba, une île prisonnière de la mer.

La mer, seule solution pour fuir cette inertie plombée, un tourbillon de vagues pour échapper à la spirale d’une routine abrutissante. Prendre la mer et risquer la mort plutôt que vivre cette vie sans issues.

33 révolutions, écrit par le petit-fils du Che. Rebelle et anarchiste, Canek Sanchez Guevara a peu à voir avec son grand-père, qu’il n’a pas connu. Il en a reçu en héritage un patronyme parfois pesant (« le petit-fils du T-shirt »), et un idéal de liberté qui transparaît dans ce roman et dans les entretiens en fin de livre.

33 révolutions, 33 saynètes intenses, 33 flashes saisissants, 33 photos poétiques, pour rendre un hommage éloquent à Cuba.

On en aurait voulu davantage, malheureusement l’auteur est décédé en janvier 2015.

Hasta siempre, señor Canek.

En partenariat avec les éditions Métailié.

Présentation par l’éditeur:

Un trentenaire désabusé traîne son spleen à La Havane, entre son bureau et le Malecón… L’espoir se fait rare, la vie est un disque rayé. Rhum, salsa, tabac, et parfois un détour chez la Russe du neuvième étage. Il fait une chaleur criminelle et la révolution semble s’être oubliée au milieu du gué.
Seule la mer, au loin, promet encore quelque chose…

Canek Sánchez Guevara, petit-fils du Che, fait vibrer Cuba comme jamais : le désenchantement s’écrit dans une langue intense, hypnotique, et la crise des balsas est prétexte à un formidable hymne à la liberté.

Quelques citations:

…voir passer le temps est le passe-temps favori du peuple. Non pas le perdre, ce qui impliquerait déjà une possession.

Il se sent vieux, maigre, sale, paumé – qu’est-ce qui a changé depuis hier? Il se demande à nouveau s’il n’est qu’un esthète tourmenté, et il ne sait pas quoi répondre. D’un côté, comme n’importe qui sur ce disque rayé, il vit plongé dans l’épopée de la dignité pauvre mais digne, du sacrifice comme modus vivendi et de la résistance comme dépassement; d’un autre côté – il se torture lui-même – il ne comprend pas en quoi la pauvreté est une oeuvre d’art ou l’échelon suprême de l’évolution sociale.

Evaluation :

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