jeudi , 21 novembre 2024

Amours manquées

Auteure: Susie Boyt

Editeur: La Croisée – 21 août 2024 (240 pages)

Lu en août 2024

Mon avis: Ruth a élevé seule sa fille Eleanor, jusqu’à ce que celle-ci, à 15 ans, s’en aille vivre chez une copine et sombre dans la drogue. Ruth semble s’accommoder à peu près de cette situation, mais quand, quelques années plus tard, Eleanor accouche de Lily, Ruth décide de recueillir la fillette et de l’élever. Eleanor, totalement indifférente à sa mère et à sa fille, laisse faire. Elle réapparaît sporadiquement dans leurs vies au cours des quinze années qui suivent, et uniquement parce que Ruth s’efforce presque désespérément de maintenir le contact.

Dans cette histoire, racontée par Ruth, les hommes sont quasi inexistants, lâches, infidèles et/ou inconséquents. Les femmes, quant à elles, font ce qu’elles peuvent, même si parfois, souvent, ce n’est ni parfait ni suffisant.

Dans ce triangle féminin intergénérationnel, il y a donc Ruth, mère en échec et grand-mère courage, Eleanor, fille réfractaire et mère démissionnaire, à peine plus consistante qu’un fantôme. Et Lily, fille perplexe et résignée, petite-fille dévouée. Il y a aussi Jeane, collègue enseignante et amie de Ruth, sur qui on peut toujours compter.

Cette chronique d’une relation fusionnelle entre une grand-mère et une petite-fille égrène quantité d’amours manquées entre mères et filles, Jeane non plus n’y échappe pas. Et on se demande alors si Lily n’est pas une sorte de seconde chance pour Ruth, voire pour Jeane.

Sans autocomplaisance, Ruth revient sur son parcours de fille, de mère, d’enseignante, de grand-mère, d’amie, de femme aussi.

C’est doux et délicat, finement analysé, mais un peu décousu; on s’attarde sur des détails anodins puis on balaie dix ans de vie en quelques pages, on se perd dans des digressions superflues, on s’ennuie vaguement, jusqu’au dernier chapitre où un changement de narratrice redynamise le récit. Transparaît alors un autre point de vue, mais pas fondamentalement différent non plus du précédent, et donc on s’interroge sur sa valeur ajoutée. Comme si l’auteure voulait s’assurer qu’on ait bien tout compris. C’est didactique, un peu bavard et ça appuie sur les bons sentiments, même si on insiste aussi sur les défauts des personnages.

Cela dit, l’écriture est belle et « Amours manquées » est un roman mélancolique, qui serait déprimant s’il ne comportait pas quelques moments lumineux, poignants.

En partenariat avec les Editions La Croisée via Netgalley.

#Amoursmanquées #NetGalleyFrance

Présentation par l’éditeur:

Ruth, professeure à Londres, n’a presque plus de contact avec sa fille Eleanor, toxicomane. Lorsqu’Eleanor a un bébé, Lily, Ruth n’écoute que son instinct : elle revoit sa fille, mais garde l’enfant avec elle pour tenter de la protéger. Une bouleversante relation s’installe entre la grand-mère et sa petite-fille, nimbée de tendresse mais aussi de non-dits. Au fil des ans, ces vies minuscules vont se lier et se délier.

Avec une grande finesse psychologique, dans la veine de Claire Keegan, Amours manquées révèle la beauté délicate des liens familiaux et les amours empêchées par les affres de la vie.

Une citation:

Ils disaient que le traitement avait plus de chances de prendre si vous aviez quelqu’un à vos côtés. La vie ne manquait jamais une occasion de punir les personnes seules. 

 

Evaluation :

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