vendredi , 25 avril 2025

Mémoire céleste

Auteure: Nona Fernández

Editeur: Editions Globe – 6 février 2025 (176 pages)

Lu en février 2025

Mon avis: Il n’est pas seulement question de la mémoire des astres dans ce récit.

Il y est aussi question de la mémoire d’une mère et de sa fille (l’auteure), et de celle d’un pays, le Chili.

Il est difficile de résumer ce livre tant il est riche de thèmes et de réflexions, d’analogies et d’associations d’idées.

Assistant à une IRM cérébrale de sa mère âgée, Nona Fernández ne peut s’empêcher de comparer l’image des connexions neuronales de celle-ci à une constellation de millions d’étoiles.

Des étoiles qu’elle a observées dans la nuit glaciale du désert d’Atacama.

Un désert où, en 1973, 26 prisonniers politiques de la dictature de Pinochet ont été brutalement assassinés par la Caravane de la Mort, sans que leurs corps aient jamais pu être intégralement retrouvés.

26 victimes à qui, 45 ans plus tard, on érige un mémorial dans ce même désert, et en l’honneur de qui, à l’instigation d’Amnesty International, on a créé une constellation de 26 étoiles, dont l’une d’entre elles est parrainée par Nona Fernández.

Une « constelación de los caídos » (la constellation de ceux qui sont tombés), pour « contribuer à la mémoire historique du Chili », pour rendre hommage aux victimes et faire en sorte que de telles horreurs ne se reproduisent plus.

Une commémoration, comme celle qui célèbre la victoire du « non » au référendum qui mit fin à la dictature, où pourtant, le fils de l’auteure, en classe de terminale, a dû autocensurer le discours qu’il avait préparé, au nom de « l’inclusivité et de la tolérance », alors qu’il voulait (légitimement) dénoncer les partis politiques et les ex-partisans de Pinochet qui continuent, encore et malgré tout, à soutenir la dictature, d’une façon ou d’une autre, dans un pays qui n’a pas encore digéré son passé.

Dit comme cela, cela semble confus et dispersé, et pourtant grâce au talent de l’auteure, tout s’imbrique dans une grande fluidité, avec évidence.

Il en résulte un texte entremêlé de neurosciences, d’astronomie, d’astrologie et d’histoire, qui interroge sur la mémoire et la manière de conserver les souvenirs, sur les conséquences des oublis et des non-dits sur les générations suivantes, sur les difficultés de réconciliation d’un pays.

Un texte tout en connexions, beau et émouvant.

En partenariat avec les Editions Globe via une opération Masse Critique de Babelio.

Présentation par l’éditeur:

Le 19 octobre 1973, cinq semaines après le putsch mené par le général Augusto Pinochet, la Caravane de la mort, l’escadron de l’armée chilienne qui semait la terreur en opérant des raids dans tout le pays, a conduit vingt-six prisonniers politiques dans le désert d’Atacama où ils ont été sauvagement assassinés. Les corps n’ont jamais été retrouvés.
Confrontée à la mémoire défaillante de sa mère âgée, Nona Fernández se donne pour mission de sonder cette violence omniprésente qui peine toujours à être reconnue en exhumant les traces de ces vingt-six hommes.
Entrelaçant son récit de réflexions sur l’astronomie, l’astrologie, les neurosciences, la mémoire et l’oubli, Nona Fernández rappelle, dans un geste autobiographique destiné aux nouvelles générations, combien les idéologies racistes, sexistes et autoritaires menacent toujours autant la liberté et la démocratie.
Telle une sonde spatiale qui enregistre les instants cosmiques, Mémoire céleste a pour vocation de conserver les images, les voix, les respirations, les pensées qui constituent les fragments de notre mémoire collective.

Evaluation :

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