vendredi , 19 avril 2024

Ma mère à boire

Auteure: Régine Vandamme

Editeur: Le Castor Astral – 2001 (139 pages)

Lu en novembre 2022

Mon avis: Dans ce court texte, l’auteure parle de sa mère, celle qui, après une déception amoureuse de trop, se laisse aller à boire trop de vin rosé et à fumer trop de cigarettes. Celle qui n’a plus envie de s’accrocher à la vie, même pas pour ses enfants ou ses petits-enfants. Elle se laisse glisser dans la solitude, le délabrement social, moral, physique, et se fait rattraper par un cancer du poumon. Contre toute attente, elle en réchappe, s’en remet et reprend aussitôt la cigarette. Et contre toute attente, elle semble reprendre un peu sa vie aussi, une renaissance qui n’est pas simplement une survie mais une vraie volonté d’agripper ces petits riens qui, ensemble, composent une vie simple et ordinaire, l’essentiel, enfin, et cela lui convient. Sa fille, l’auteure, donc, est la première surprise, qui observe sa mère devenir, au bout d’une vie sans vrais liens, enfin mère et grand-mère.

« Ma mère à boire » est un texte sur les relations mère-fille, leur ambiguïté, entre déception, agacements, rancune, jugements, non-dits, incompréhensions, compréhension, amour. C’est le portrait d’une mère qui pendant longtemps n’a pas pu, su, voulu, donner prise à l’amour filial. C’est aussi celui d’une fille, restée pendant longtemps avec cet amour filial sur les bras sans parvenir à le faire accepter par sa destinataire, et qui s’est vue devenir mère de sa propre mère. Ce qui est (me semble-t-il) une des choses les plus difficiles à accepter.

Porté par une belle écriture et le sens de la formule, un texte sensible, très humain, en équilibre sur le fil patiemment (re)tissé entre ces deux femmes attachantes.

#LisezVousLeBelge

Présentation par l’éditeur:

« Ma mère boit. Beaucoup. Trop. Du vin rosé. Sa bouche sent le vin. Le rosé lui fait les joues bouffies, rougies et brûlantes. Le vert de ses yeux se perd dans un banc de brouillard givrant à couper au goulot. Elle n’a rien connu des grands moments qui font la petite vie des femmes, de leurs luttes et turluttes au jour le jour. Elle ne sait pas ce qu’elle a manqué. Pour ça, je crois qu’elle n’est pas totalement une femme. Et j’en reste à me demander comment on peut passer une vie sans faire de liens quand de naissance on a la science des noeuds. »
« Ma mère à boire » raconte la vie d’une femme, ses espoirs, ses déceptions et ses abandons. Ce roman incantatoire nous invite avec sévérité et tendresse à l’accompagner dans sa dérive, mais aussi ses retrouvailles inattendues avec la vie.

Evaluation :

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