Auteur: Luis Landero
Editeur: Gallimard – 1997 (320 pages)
Lu en mai 2025
Mon avis: En 1978, dans un petit village perdu au fond de l’Espagne tout juste post-franquiste, une tragédie se noue. Mais les protagonistes sont bien loin de s’en douter, tout occupés qu’ils sont par l’annonce du retour imminent au pays de Don Belmiro, professeur de littérature désormais retraité et heureux d’enfin pouvoir se consacrer au projet de livre qu’il reporte depuis des années.
Mais la vie à la campagne ne s’avère pas aussi studieuse et paisible qu’il l’imaginait. Le vieux garçon fait en effet la connaissance d’Amalia, la jeune institutrice, pianiste à ses heures perdues, et pas indifférente au charme suranné de Don Belmiro.
Autour d’eux gravitent également Esteban, l’idiot du village, fasciné par l’argent et le luxe ; Luciano, adolescent élevé par une mère mystique qui le destine à la prêtrise, mais dont les projets pourraient bien être compromis lorsque le jeune garçon tombe amoureux d’Amalia – et réciproquement, malgré la tendresse que celle-ci ressent pour le vieux professeur ; et Don Julio, petit commerçant qui s’est improvisé journaliste et politicien local.
Quatre hommes, inadaptés sociaux, mais qui visent la fortune, ou l’excellence, chacun dans son domaine : la gloire littéraire, la fortune au sens propre toute en ors et fastes, le don de soi à Dieu, ou l’art de l’éloquence capable de mettre un terme aux conflits.
Une femme égarée dans la confusion de ses sentiments pour un (déjà) quasi-vieillard et un (encore) quasi-enfant.
Quatre histoires au départ indépendantes, innocentes, inoffensives, qui se nouent peu à peu et se dénouent dans un finale tragique. Entretemps, la trame s’est tissée de choix de vie, de renoncements, d’indécision, d’illusions, de rêves de gloire, de fortune ou d’amour, de frustrations, de gâchis, de « j’aurais dû » et de « si seulement ».
« Gentilshommes de fortune » est un roman qui prend son temps, qui construit ligne après ligne ses personnages et son intrigue, dans un style délicieusement et sinueusement classique. Avec un certain humour et une certaine ironie, et des fortunes diverses pour ses protagonistes, ce roman parle des décisions que l’on prend, ou pas, et de leurs conséquences, voulues ou pas, sur notre destin et celui d’autrui.
Présentation par l’éditeur:
Une voix anonyme reconstitue un événement où cinq destins s’enchevêtrent petit à petit pour ne plus en former qu’un seul, collectif : Esteban, le demeuré, découvre soudain le monde fascinant de l’argent, du luxe et du pouvoir ; le petit Luciano, transcendant la ferveur religieuse dans laquelle il a été élevé, découvre l’amour, un amour impossible ; Belmiro, le vieil intellectuel, se heurte soudain à l’irrationalité des passions ; don Julio, le mercier, se découvre un jour des dons insolites et devient leader politique ; et Amalia se débat entre un amour coupable envers un adolescent et la tendresse sereine que lui offre un homme d’âge mûr.
La fatalité transformera ces vies en une aventure existentielle hasardeuse : les uns trouveront peut-être un trésor ; d’autres la ruine ; d’autres encore la mort, l’amour ou la gloire, et ce qui arrive aux uns fait inévitablement partie de ce qui arrive aux autres, comme dans les anciennes roues de la Fortune.