jeudi , 21 novembre 2024

Le doute

Auteur: S.K. Tremayne

Editeur: Pocket – 2017 (384 pages)

Lu en octobre 2018

Mon avis: Sarah et Angus avaient tout pour être heureux : de l’amour, des amis, une belle maison à Londres, une bonne situation professionnelle et financière, et surtout, les prunelles de leurs yeux, leurs adorables jumelles Lydia et Kirstie. Jusqu’au jour où, âgée de six ans, Lydia meurt après une chute accidentelle du balcon de la maison de ses grands-parents.
Un an plus tard, la situation de la famille n’est pas brillante : Angus boit beaucoup trop et a perdu son emploi, Sarah surinvestit son rôle de femme au foyer en couvant Kirstie, qui s’est beaucoup (trop?) refermée depuis le drame. Une éclaircie dans les ténèbres, toutefois : Angus a hérité de sa grand-mère une petite île en Ecosse. Pour larguer les amarres et repartir à zéro, le couple décide de tout plaquer et d’emménager dans le cottage de l’île, au milieu d’une nature splendide. Il faudra cependant bien vite déchanter : le cottage est un taudis glacial et insalubre sans eau courante, l’île un caillou dénudé qu’on ne peut rallier qu’en bateau ou à pied à travers de dangereuses vasières, et les conditions climatiques s’annoncent hostiles. Mais le plus inquiétant, c’est que Kirstie commence à prétendre qu’elle est en réalité Lydia… Le doute s’installe dans la tête des parents de ces jumelles monozygotes qu’ils sont incapables de distinguer, en particulier depuis qu’il n’en reste plus qu’une… En même temps que les questions insolubles, apparaissent des indices ajoutant à la confusion, et les reproches fusent entre Angus et Sarah. Responsabilité, culpabilité, la situation est complexe, et Kirstie/Lydia n’en finit pas de régresser et de s’isoler dans le monde auquel elle seule et sa soeur avaient accès.

Bon alors, le roman porte bien son titre : la confusion est telle que le lecteur ne sait plus qui croire et se perd à tenter de rationaliser et d’expliquer les comportements des uns et des autres. Là où cela devient plus problématique et contre-productif, c’est que le doute survient aussi à propos de la crédibilité de l’histoire :
– après un tel traumatisme, est-il normal que personne dans cette famille ne fasse l’objet d’un suivi psychologique, surtout la jumelle survivante ? Le pédopsychiatre n’intervient que très (trop) tard, principalement par téléphone et alors qu’il est patent que Kirstie se noie depuis longtemps dans une détresse sans fond.
– est-il plausible que des parents n’aient pas la moindre possibilité de différencier leurs jumeaux, aussi monozygotes soient-ils ?
– des parents peuvent-ils raisonnablement tout plaquer, entraîner leur enfant avec eux et s’accommoder aussi facilement de la vie dans une cabane délabrée et isolée à l’approche de l’hiver ?
– est-il donc aussi simple, en Grande-Bretagne, de déclarer qu’on s’est trompé sur l’identité d’un cadavre, de corriger l’erreur d’une simple rature dans les registres, d’organiser de nouvelles funérailles (sans corps évidemment), et d’admettre (et de faire admettre) que son enfant survivant est en réalité celui qu’on a cru mort au départ ?
Pour un thriller psychologique, j’ai trouvé que l’auteur en faisait trop au niveau de l’atmosphère et des portes qui claquent, des escaliers qui grincent et des ombres qui passent dans la lumière, mais curieusement, pas assez sur la psychologie des personnages et sur les thèmes pourtant fascinants de la gémellité et de l’identité. Quant à la fin, elle m’a paru bâclée et trop lisse. Je doute qu’on puisse sortir d’une telle tragédie avec autant de facilité.

Présentation par l’éditeur:

Un an après le décès accidentel de Lydia, l’une de leurs filles jumelles, Angus et Sarah Moorcroft quittent Londres pour oublier le drame. Ils s’installent sur une petite île écossaise, qu’ils ont héritée de la grand-mère d’Angus, au large de Skye. 
Mais l’emménagement ne se passe pas aussi bien que prévu. Le comportement de Kirstie, leur fille survivante, devient étrange : elle se met à affirmer qu’elle est en réalité Lydia. Alors qu’un brouillard glacial enveloppe l’île, l’angoisse va grandissant… Que s’est-il vraiment passé en ce jour fatidique où l’une des deux sœurs a trouvé la mort ? 

Evaluation :

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