Auteur: Martyna Bunda
Editeur: Editions Noir sur Blanc – 6 janvier 2022 (256 pages)
Lu en janvier 2022
Mon avis: C’est peu de dire que l’histoire récente de la Pologne n’a pas été un long fleuve tranquille. Champ de bataille où s’affrontent à partir de 1939 l’Allemagne nazie et l’URSS, elle n’est libérée du joug de l’une que pour tomber dans les tenailles communistes de l’autre à la fin de la guerre.
Dans un tel contexte, la population locale ne vit pas, elle survit. C’est le cas de Rozela et ses trois filles Gerta, Truda et Ilda. A partir de la mort de son mari dans les années 30, Rozela les a élevées seule, dans un petit village de Cachoubie, une province polonaise. Elles ne peuvent compter que sur elles-mêmes, et certainement pas sur les hommes : après la guerre, les filles de Rozela auront bien des maris ou des amants, mais ceux-ci se distingueront davantage par leur manque d’épaisseur, leur faiblesse ou leur lâcheté que par leur courage et leur solidité. Et donc, puisqu’il le faut bien, c’est Rozela et ses filles qui le seront, courageuses et solides, pour traverser chacune à sa manière les épreuves que la vie leur infligera généreusement : hivers glaciaux, manque d’argent, de nourriture, terreur stalinienne et tracas causés par la bureaucratie soviétique, elles se démèneront, ensemble ou séparément, pour vivre décemment. Elles connaîtront des moments de fragilité, d’hystérie ou de désespoir, mais elles ne cesseront jamais de lutter. Sauf peut-être Rozela, quand les traumatismes subis pendant la guerre remonteront à la surface à la fin de sa vie et auront raison de sa… raison.
J’ai eu du mal à entrer dans ce roman et à m’intéresser à ses personnages. La narration alterne les points de vue des quatre héroïnes, et au début, j’ai trouvé l’ensemble un peu décousu, je n’arrivais pas à mettre de l’ordre dans les différentes versions des mêmes anecdotes. Les personnages ne m’apparaissaient pas particulièrement sympathiques mais au contraire plutôt dénués de sensibilité, ne laissant la place qu’à la colère, le ressentiment, le fantasque. Des cœurs endurcis desquels s’échappe parfois une pression trop forte. Puis à partir de la moitié du roman, sans que je comprenne bien pourquoi, peut-être un geste doux par ci, un mot plus tendre par là, j’ai trouvé ces quatre femmes de plus en plus touchantes, attendrissantes, mais forçant toujours le respect par leur courage et leur ténacité.
A travers ces chroniques de la vie quotidienne, ce roman énergique dresse le portrait de deux générations de femmes attachantes, dans le contexte historique trouble et troublé de la Pologne. Un roman tragi-comique qui rend hommage à ces femmes coriaces, victimes de la guerre et des (de certains) hommes.
En partenariat avec les Editions Noir sur Blanc via Netgalley.
#LesCoeursendurcis #NetGalleyFrance
Présentation par l’éditeur:
Les héroïnes de cette saga féminine, dont l’action recouvre le second tiers du xxe siècle en Pologne, sont trois sœurs : Gerta, fiable et sérieuse, Truda, qui cède facilement aux appels du cœur, et Ilda, la rebelle, la fantasque. Leur mère, Rozela, les a élevées seule dans le village cachoube de Dziewcza Góra. Pour survivre à la guerre, puis à la terreur stalinienne, elles doivent apprendre à dissimuler leurs sentiments. L’insensibilité devient leur bouclier contre l’adversité, et, là où d’autres s’effondreraient, Rozela et ses filles poursuivent leur chemin, vaille que vaille. Il y a des mariages et des séparations, mais ni les maris ni les enfants qui viennent au monde ne constituent le centre de tout.