Auteure: Maria Larrea
Editeur: Grasset – 17 août 2022 (224 pages)
Lu en août 2022
Mon avis: Victoria et Julian sont nés dans les années 40 dans l’Espagne franquiste. La première voit le jour dans un village de Galice, dans une famille pauvre. Sa mère ne veut pas d’elle et l’abandonne aux bonnes sœurs d’un couvent. Le second naît à Bilbao, rejeton d’une prostituée, qui ne veut pas de lui non plus, et le confie aux jésuites. Enfances abandonnées, adolescences abusées, Victoria et Julian devaient se rencontrer, tomber amoureux, se marier comme on s’enfuit et avoir beaucoup d’enfants. Ou presque, puisqu’ils n’auront qu’une seule fille, Maria, la narratrice, qui naîtra à Bilbao. Emigrés à Paris, ils travaillent l’un comme gardien du théâtre de la Michodière, l’autre comme femme de ménage. Entre une mère taiseuse et un père violent, et sa condition de fille d’immigrés, Maria subit les moqueries de ses copines, se cherche, essaie de se construire en adoptant paradoxalement des comportements autodestructeurs, incluant petite délinquance et substances addictives en tous genres. Elle suit néanmoins son rêve de devenir réalisatrice et parvient à intégrer une école prestigieuse ; elle rencontre l’homme de sa vie et fonde une famille. Tout est bien qui finit bien ? Pas encore.
Puisqu’à l’âge de 27 ans, une tarologue lui révèle qu’un mystère entoure sa naissance. Profondément perturbée, Maria interroge sa mère et entame des recherches à Bilbao, sa ville natale.
Récit autobiographique sur la quête des origines, ce premier roman révèle des secrets de famille, des mensonges et une page odieuse de l’histoire espagnole récente. Il montre aussi le cheminement de l’auteure, de la honte, dans la première partie du livre, liée à ses origines sociales, à ses parents immigrés et pauvres, et à la rancœur et la colère que cela implique, jusqu’à l’apaisement et la compréhension dans la seconde moitié du texte.
Le thème n’est pas original, l’écriture l’est beaucoup plus, enlevée, imagée, directe, dure parfois. Un roman doux-amer (ou plus précisément amer-doux, selon la chronologie du texte) et attachant sur la filiation, l’amour et l’identité.
En partenariat avec les Editions Grasset via Netgalley.
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Présentation par l’éditeur:
L’histoire commence en Espagne, par deux naissances et deux abandons. En juin 1943, une prostituée obèse de Bilbao donne vie à un garçon qu’elle confie aux jésuites. Un peu plus tard, en Galice, une femme accouche d’une fille et la laisse aux sœurs d’un couvent. Elle revient la chercher dix ans après. L’enfant est belle comme le diable, jamais elle ne l’aimera. Le garçon, c’est Julian. La fille, Victoria.
Ce sont le père et la mère de Maria, notre narratrice. Dans la première partie du roman, celle-ci déroule en parallèle l’enfance de ses parents et la sienne. Dans un montage serré champ contre champ, elle fait défiler les scènes et les années : Victoria et ses dix frères et sœurs, l’équipe de foot du malheur ; Julian fuyant l’orphelinat pour s’embarquer en mer. Puis leur rencontre, leur amour et leur départ vers la France.
La galicienne y sera femme de ménage, le fils de pute, gardien du théâtre de la Michodière. Maria grandit là, parmi les acteurs, les décors, les armes à feu de son père, basque et révolutionnaire, buveur souvent violent, les silences de sa mère et les moqueries de ses amies. Mais la fille d’immigrés coude son destin. Elle devient réalisatrice, tombe amoureuse, fonde un foyer, s’extirpe de ses origines.
Jusqu’à ce que le sort l’y ramène brutalement. A vingt-sept ans, une tarologue prétend qu’elle ne serait pas la fille de ses parents. Pour trouver la vérité, il lui faudra retourner à Bilbao, la ville où elle est née. C’est la seconde partie du livre, où se révèle le versant secret de la vie des protagonistes au fil de l’enquête de la narratrice. Stupéfiant de talent, d’énergie et de force, Les gens de Bilbao naissent où ils veulent nous happe dès le premier mot.
Avec sa plume enlevée, toujours tendue, pleine d’images et d’esprit, Maria Larrea reconstitue le puzzle de sa mémoire familiale et nous emporte dans le récit de sa vie, plus romanesque que la fiction. Une histoire d’orphelins, de mensonges et de filiation trompeuse. De corrida, d’amour et de quête de soi. Et la naissance d’une écrivaine.
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