Auteur: Hernán Rivera Letelier
Editeur: Métailié – 2013 (129 pages)
Lu en mai 2015
Mon avis: Laissez-moi vous raconter, non pas un film, mais un livre. Un tout petit livre par sa taille, 129 pages qui se lisent à toute vitesse, mais grand par le talent de son auteur et par la place qu’il a pris dans mon coeur et ma tête.
Il était donc une fois, dans les années 50, une petite fille de 10 ans, Maria Margarita, qui vivait avec ses 4 frères plus âgés et son père en fauteuil roulant, dans le campement d’une mine de salpêtre quelque part dans le désert d’Atacama, dans le nord du Chili. Au village, la seule distraction, c’est le cinéma. Mais la famille est pauvre, et le défi de chaque semaine consiste à rassembler assez d’argent pour qu’un des enfants puisse aller voir le film à l’affiche. Le voir, et puis revenir bien vite à la maison pour le raconter au reste de la famille. A ce jeu-là, c’est Maria Margarita qui est la meilleure, pourvue d’un don peu commun pour restituer les films, peu importe leur genre. Au point que son père la désigne officiellement « raconteuse de films » de la famille, puis du village entier qui se bouscule dans la petite maison, préférant « entendre » l’histoire plutôt que de la « voir » sur grand écran. Ce talent fera le bonheur et les beaux jours de la famille, pas toujours ceux de la jeune fille.
C’est Maria Margarita elle-même qui nous raconte son histoire, des années plus tard. Comment l’arrivée de la télévision a mis fin à sa célébrité en même temps qu’à ses séances de raconteuse, comment la mort de son père puis le départ de ses frères l’ont laissée seule au campement, comment elle y a vécu ou survécu jusqu’à aujourd’hui. Parce qu’elle y vit toujours, près de cette mine désaffectée, assurant les visites guidées pour les quelques touristes. L’air de rien, derrière ces aventures de pellicule, elle nous laisse voir la vie dure des mineurs du salpêtre, la promiscuité d’une réalité sordide dans « l’âpre néant du désert d’Atacama ». Néant duquel on se sauve grâce au cinéma et à l’imagination, et sans jamais se plaindre de son sort. Désert âpre mais magnifique, comme ce roman, tendre, joyeux, émouvant, terrible.
Présentation par l’éditeur:
María Margarita a dix ans quand on découvre qu’elle a un talent tout particulier pour raconter les films : détails, mimiques, costumes, la petite sait si bien y faire qu’elle devient très vite une star dans son village. Désormais, elle sera Morgane Féduciné, la raconteuse de films.
Je me note ce titre car ta magnifique critique donne envie de le lire. Merci !
Magnifique ! Je l’inscris tout de suite dans ma PAL.
Merci à toutes les deux! 🙂
Merci pour cette belle critique, c’est un plaisir de venir te lire.
Merci, c’est gentil 🙂