Auteur: Mikhaïl Boulgakov
Editeur: Folio Classiques – édition 2019 (736 pages)
Lu en décembre 2024
Mon avis: Or donc, nous voici à Moscou dans les années ’30. La bureaucratie soviético-stalienne fonctionne à plein régime et, le diable sait pourquoi, Satan (sous le pseudonyme de Woland, maître ès sciences occultes) décide d’y flanquer une belle pagaille avec ses improbables acolytes.
Sous couvert d’un spectacle de magie au Théâtre des Variétés, il ridiculise la bonne société moscovite en la confrontant à ses vices, son hypocrisie et sa vanité. Plus d’un honnête (enfin, peut-être pas tant que ça) citoyen y perdra la tête, au propre et surtout au figuré, et bon nombre d’entre eux finiront au cimetière ou à l’asile.
C’est dans ce dernier endroit qu’on fait la connaissance du Maître, écrivain interné pour cause de désespoir. Il a en effet écrit un livre sur Ponce Pilate, dans lequel il revisite la mort de Jésus. Le Maître considère ce roman comme le chef-d’œuvre de sa vie, mais le livre est éreinté par la critique et ne connaîtra jamais le succès. Malgré les supplications de Marguerite, sa maîtresse, le Maître décide de disparaître sans laisser de trace… Sur ces entrefaites, Satan surgit du diable vauvert et propose un pacte à la belle éplorée, qui lui permettra de retrouver son amour perdu.
Version moderne du mythe de Faust, « Le Maître et Marguerite » est une fable fantasque, fantastique, onirique, burlesque, carnavalesque, doublée d’une histoire d’amour entre un artiste dépressif et une jeune bourgeoise désœuvrée et désabusée qui se transforme en fée-sorcière.
A la fois galerie de portraits et enchaînement de péripéties de plus en plus farfelues, ce roman se révèle parfaitement maîtrisé dans sa construction, chaque pièce trouvant finalement sa place dans le puzzle. Une sarabande diabolique dont Boulgakov a voulu faire un plaidoyer pour la liberté de l’expression artistique, et pour la liberté tout court, dans un contexte de dictature stalinienne où la moindre velléité d’anticonformisme pouvait mener au cimetière, à l’asile ou au goulag.
En dehors de cet arrière-plan politique, je n’avais pas suffisamment de références pour saisir toutes les allusions et métaphores, et j’ai fini par me perdre parmi tous ces personnages.
Si on s’en tient au premier niveau de lecture, « Le Maître et Marguerite » est d’une lecture assez aisée, d’une construction remarquable et d’une imagination inouïe. Un grand classique, un monument, un chef-d’œuvre de la littérature, sans doute. Mais ce type de récit est trop abracadabrant et fantaisiste pour moi, et je n’y ai pas pris tout le plaisir que j’en espérais. Trop d’attentes peut-être.
Présentation par l’éditeur:
Le maître est un écrivain raté (il a jeté son manuscrit au feu), qui devra son salut à une femme : pour lui, Marguerite signera un pacte avec le Diable.
Comme son héros, Boulgakov fut victime de la censure, connut la misère, fut sauvé par sa femme. Dans son «grand roman» (rédigé de 1929 à sa mort en 1940), il superpose à une nouvelle version de l’histoire de Faust une réécriture des Évangiles, autour de Ponce Pilate, et une désopilante satire du Moscou stalinien, en unissant conte fantastique et amour fou.