Auteur: Frédéric Beigbeder
Editeur: Grasset – 1997 (240 pages)/Le Livre de Poche – 2012 (352 pages)
Lu en décembre 2022
Mon avis: Marc (le double de l’auteur) rencontre Anne, ils tombent amoureux, se marient, n’ont pas d’enfants, et divorcent après trois ans, parce que Marc n’aime plus Anne.
Dépité par cette promesse non tenue d’amour-toujours qui lui a été vendue par la société, Marc tire de son cas particulier une généralité universelle : l’amour dure trois ans, théorie qu’il entreprend de démontrer sous nos yeux pendant près de 200 pages.
Oui mais…
…Encore faudrait-il s’accorder sur ce qu’on entend par « amour ». Marc a une furieuse tendance à le confondre avec « désir », « plaisir charnel » ou « passion ».
…Et encore faudrait-il préciser que si Marc n’aime plus Anne et l’a quittée, c’est parce qu’il avait rencontré Alice, mariée à Antoine, qu’elle ne veut, quant à elle, pas quitter, au grand désespoir de Marc qui, tout cynique qu’il tente de se faire passer, n’en est pas moins un gamin aussi immature que romantique.
Bref, le gaillard va se prendre les pieds dans ses sentiments et s’empêtrer dans sa démonstration, qui n’aboutira jamais au CQFD de rigueur.
Et moi, lectrice un peu sado-maso, j’ai à la fois pris un malin plaisir à observer les déboires fleur bleue de ce pauvre petit garçon riche, et ressenti un certain écœurement à lire les frasques sexuelles et cocaïnées de ce sale gosse rebelle baignant dans un jus germanopratin peu ragoûtant (mais qui suis-je pour faire la morale).
Alors au final c’est en même temps drôle, mordant, cynique, c’est plein de bons mots, d’humour et d’autodérision, ça a le sens de la formule, ça dénonce les injonctions sociales hypocrites (« soyez heureux, jouissez, quoi qu’on dise c’est l’apparence qui compte »), ça crache dans le velouté dans lequel ça se complaît pourtant, c’est bourré de contradictions (et de beaucoup d’alcool aussi). C’est parfois cru, trash, y a du cul avec un grand C et de l’amour avec un grand A (si si, quand même). Ca donne à voir un type superficiel, arrogant voire odieux, qui pourrait bien cacher un grand gamin sans confiance en lui ni estime de soi. Ca n’excuse en rien ses attitudes (voir ci-avant ; mais qui suis-je pour faire la morale (bis)), mais je dois lui reconnaître une certaine franchise, de la sincérité et même un brin de profondeur, et au final ça me rend le personnage plutôt sympathique et attachant, et ça m’a fait passer un bon moment de lecture.
Présentation par l’éditeur:
« Au début, tout est beau, même vous. Vous n’en revenez pas d’être aussi amoureux. Pendant un an, la vie n’est qu’une succession de matins ensoleillés, même l’après-midi quand il neige. Vous écrivez des livres là-dessus. Vous vous mariez, le plus vite possible – pourquoi réfléchir quand on est heureux ? ».
C’est une histoire d’amour très moderne et radicalement autobiographique. Le héros – un jeune homme « branché » et noceur – se souvient de ses débuts dans la vie lorsque, plein d’illusions, il épousa Anne, la plus jolie fille de sa génération.
Il se souvient qu’au début de leur amour, tout était bleu ; que la tendresse succéda à l’amour dès la deuxième année de leur mariage ; que l’infidélité fut la loi de leur couple dès la troisième année. Alors, il sait que la loi du monde pourrait ainsi se formuler : « l’amour dure trois ans… » Tout le roman, dont le symbole est l’horloge de Beaubourg – qui marche à reculons en décomptant les secondes qui nous séparent de l’an 2000… – est une variation drôle et émouvante sur ce thème. Il faut savoir que, pendant qu’il raconte l’échec programmé de son premier mariage, le héros vit avec Alice. Et, là encore, l’heure tourne…