Auteure: Elspeth Barker
Editeur: Le Livre de Poche – 2023 (288 pages)
Lu en janvier 2024
Mon avis: Dès la première ligne, on sait que Janet, 16 ans, est morte assassinée dans le château familial. Ce livre n’est pourtant pas un roman policier dans lequel on assisterait à l’enquête sur la recherche du meurtrier (dont l’identité est révélée à la fin, tout de même). « Le champ des soupirs » nous emmène au contraire dans le passé et relate la courte existence de la jeune victime.
Or donc, au milieu du 20ème siècle et des sauvages landes écossaises, Janet vit avec sa famille dans un vieux château décrépit, ouvert à tous les vents. Enfant turbulente puis adolescente exaltée, sensible, excentrique, dotée de grandes capacités intellectuelles et d’autant d’imagination romanesque, Janet se sent à l’étroit dans sa vie, constamment décalée, coincée de toutes parts par la discipline familiale et les conventions sociales. Malgré ses efforts, elle n’arrive pas à se fondre dans le moule de jeune fille bien élevée dans lequel on veut la couler. Elle rêve d’être libre et de pouvoir vivre comme elle l’entend, mais personne dans son entourage ne la comprend ni ne l’accepte telle qu’elle est. Brimée par sa famille comme un vilain petit canard puis ostracisée par ses compagnes de pensionnat qui la considèrent comme une toquée et une tocarde, Janet trouve refuge auprès des livres, dans ses études et auprès des animaux, s’imagine en héroïne tragique, crève d’ennui et de solitude.
Ce roman gothique est porté par une belle écriture, mais je n’ai pas très bien compris où l’auteure voulait en venir. Elle semble dénoncer la pression et l’oppression sociales qui pesaient sur les femmes à cette époque et dans ce milieu, mais c’est relativement feutré. Ou alors est-ce un roman d’apprentissage ou initiatique qui tourne court vu la mort brutale de Janet (et d’ailleurs le meurtre n’aurait sans doute pas eu lieu si Janet avait été la « jeune fille bien élevée » susmentionnée) ?
Quoi qu’il en soit, je reste un peu sur ma faim : les personnages sont assez stéréotypés, leurs psychés sont peu approfondies et ils ne suscitent guère l’empathie, même pas Janet. Quant à la scène du meurtre, elle est balancée en trois coups de cuiller à pot, et le mobile me semble nébuleux : j’hésite entre une vengeance et un geste aussi excessif qu’insensé. Ou alors un peu des deux.
Au final, l’histoire sombre, triste et vaguement ennuyeuse d’une vie gâchée et traversée par l’ennui, elle aussi.
En partenariat avec Le Livre de Poche via Netgalley.
#OCaledonia #NetGalleyFrance
Présentation par l’éditeur:
Écosse, au milieu du XXe siècle. Janet, seize ans, est retrouvée assassinée au pied de l’escalier de la demeure familiale, vêtue de la robe en dentelle noire de sa mère. Ce qui commence comme un roman policier sera en fait le récit rétrospectif de la courte et triste vie de Janet. Dans une région battue par les vents, elle grandit entourée de frères et de sœurs plus beaux et plus brillants qu’elle. Incomprise par les adultes, rejetée par les autres enfants, Janet trouve refuge auprès des animaux et dans les livres, qui deviennent autant de remparts contre l’hostilité du monde. Farouchement déterminée à rester elle-même quoi qu’il en coûte, cultivant une imagination sauvage et merveilleuse, Janet parviendra à connaître quelques instants de grâce, avant de finir sa vie tragiquement. D’une plume mordante et pleine d’esprit, qui rappelle à la fois les sœurs Brontë, Edgar Allan Poe ou encore Edward Gorey, Elspeth Barker signe avec Le Champ des soupirs un conte gothique magistral.