Auteur: Pier Paolo Pasolini
Editeur: Buchet-Chastel – 3 octobre 2019 (412 pages)
Lu en octobre 2019
Mon avis: « Une vie violente« , ou vie et mort d’un pauvre bougre dans les bas-fonds romains des années 60.
Tommaso est un sale garnement d’un quartier pouilleux de Rome. Autour de lui il n’y a que crasse, puanteur, misère, maladie, faim. Un terreau idéal pour Dame Violence. De fait, le quotidien de Tommaso et de ses compères d’infortune est fait de vols de voiture, de braquages, de bagarres, d’agressions de prostituées. Condamné à deux ans de prison alors qu’il n’a pas 20 ans, Tommaso, à sa sortie, décide de prendre sa vie en main et de se caser avec Irene. Mais, ces bonnes résolutions à peine prises, il se découvre tuberculeux et est hospitalisé. Il en réchappe mais reste en sursis, et on ignore si son héroïsme lors d’une grave inondation du quartier lui aura ouvert les portes du Paradis…
« Une vie violente » est un roman difficile, de par la violence (parfois gratuite, m’a-t-il semblé) dont font preuve ses personnages, décrite sans fard et sans pincettes, par la précarité et la promiscuité de ces vies de crève-la-faim. Difficile aussi par ses dialogues en argot, que j’ai trouvés pénibles à lire et qui m’ont beaucoup freinée dans ma lecture (j’ignore à cet égard quel a pu être l’apport de la nouvelle traduction). Pourtant, ce sont ces mêmes éléments (violence et langage) qui donnent une puissance folle à ce roman. Avec cette description hyperréaliste de vies violentes et violentées par …la vie, et malgré des personnages peu attachants aux agissements et convictions parfois obscurs, ce livre ne laisse pas non plus son lecteur indemne.
En partenariat avec les Editions Buchet-Chastel via Netgalley.
#UneVieViolente #NetGalleyFrance
Présentation par l’éditeur:
Classique contemporain au réalisme brutal, Une vie violente de Pier Paolo Pasolini renaît dans une nouvelle traduction éblouissante de Jean-Paul Manganaro.
Dans la lignée des Ragazzi auquel il succède, Une vie violente poursuit l’exploration de la jeunesse perdue des bas-fonds romains avec un réalisme cru. Tommasino, le héros du livre, tente de se forger une réputation dans un quartier de Rome livré aux petits malfrats. Pour ce faire, il s’adonne à la force des faibles, la violence, et devient un de ces vitelloni, un voyou à la petite semaine qui survit de vols à main armée et larcins en tout genre. La prison puis la maladie sauront-elles l’emmener sur les chemins de la rédemption ?
Comme souvent avec Pasolini, véritable monument de la littérature italienne du XXe siècle, le choix du réalisme est un choix politique et moral : à travers la brièveté et la violence de ce destin, c’est celui de toute l’Italie d’après-guerre que l’auteur interroge.
Quelques citations:
– Il portait un béret tiré jusque sur les narines, ancien, vieux, et si poisseux que si on l’avait tordu il en serait sorti du saindoux.
– A présent Tommaso et Irene marchaient étroitement enlacés. Il l’avait prise par la taille, qui était replète, et il la tenait bien serrée, comme s’il avait peur qu’elle ne tombe. Ils étaient silencieux et bougons comme le sont les fiancés, s’en allant pas à pas là où ils doivent aller.
La littérature italienne et ses quartiers pauvres et glauques est à l’honneur en ce moment. Je croise de nombreux romans sur ce thème… qui se ressemblent trop, je trouve.
Oui, peut-être… Celui-ci a néanmoins été publié pour la première fois en français en 1961.