jeudi , 25 avril 2024

Prosper à l’oeuvre

Auteur: Eric Chevillard

Editeur: Noir sur Blanc – 17 octobre 2019 (150 pages)

Lu en octobre 2019

Mon avis: Prosper Brouillon est un écrivain à succès parisien (comprenez un écrivain qui maîtrise à la perfection les outils du marketing littéraire). Pour ce qui est de manier avec brio la plume et le sens de l’intrigue, c’est une autre histoire. Personne n’est parfait, me direz-vous… Ainsi donc, voilà Prosper à la recherche de l’inspiration pour son deuxième roman. Soucieux de se renouveler et de faire plaisir à ses lecteurs (au point d’obliger ces « rats cupides » à acheter son prochain livre), il décide de s’atteler à un nouveau genre : le roman policier. A moins qu’il ne tente le roman d’aventures avec pirates et île au trésor. Après tout, il suffirait de quelques légères retouches aux personnages et à l’intrigue qu’il a déjà ébauchés, et de lier le tout avec quelques-unes des citations et métaphores alambiquées qu’il collectionne dans son carnet de notes. Succès garanti, ne serait-ce qu’en raison des à-valoir mirobolants consentis par son éditeur, lequel entend bien ne pas perdre de plumes dans l’aventure (de flics ou de pirates, peu importe, tant qu’il est question de poule aux œufs d’or) et forcer les lecteurs à se jeter sans trop regarder sur le nouveau Brouillon.
Ce très court roman, illustré par Jean-François Martin, est le deuxième volet des déboires de Prosper Brouillon (qui peut se lire indépendamment du premier, que je n’ai d’ailleurs pas lu). L’auteur y révèle les affres du processus de création littéraire qui torturent cet écrivain à succès bouffi de suffisance et de mépris. Eric Chevillard n’y va pas avec le dos de la cuillère quand il s’agit de flinguer une certaine littérature « commerciale », et il ne lésine pas non plus sur l’ironie pour tourner ce petit monde en dérision. Satirique, excessif et jubilatoire.

En partenariat avec les Editions Noir sur Blanc via Netgalley.

#ProsperàLoeuvre #NetGalleyFrance

Présentation par l’éditeur :

Prosper Brouillon n’écrit pas pour lui. Il ne pense qu’à son lecteur, il pense à lui obsessionnellement, avec passion, à chaque nouveau livre inventer la torture nouvelle qui obligera ce rat cupide à cracher ses vingt euros.

Quelques citations: 

– Car il serait faux de penser que Prosper Brouillon ignore le doute et l’hésitation. Sa belle assurance s’émousse quelquefois. Il n’a pas peur du vide – quand comprendra-t-on que l’angoisse de la page blanche désigne l’émotion de la feuille elle-même lorsqu’un écrivain la menace de sa plume? Certaines préfèrent se rouler en boule et se laisser choir dans la corbeille. 

– Prosper Brouillon a toujours beaucoup aimé le mot « goguenard ». On trouve ainsi dans son premier livre, « Celui qui n’aimait rien tant », un « paysage goguenard ». Précisons toutefois qu’à cette époque, il croyait encore que l’adjectif se rapportait à tout ce qui concernait Van Gogh ou sa peinture. Dans « Ecrire et tricoter, c’est pareil », évoquant un amour de jeunesse malheureux, il confie qu’il aurait été prêt à tout pour obtenir à moitié prix les faveurs de cette dédaigneuse prostituée et qu’on avait alors « frôlé le drame de l’oreille goguenarde ». 

Evaluation :

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2 commentaires

  1. C’est vrai qu’il y a de quoi ruer dans les brancards avec une certaine littérature qui s’avale comme un petit pain…