lundi , 11 novembre 2024

Nécropolis 1209

Auteur: Santiago Gamboa

Editeur: Métailié (Suites) – 2017 (416 pages)

Prix La Otra Orilla 2009

Lu en septembre 2019

Mon avis: A peine remis d’une longue maladie qui l’a tenu à l’écart des vicissitudes du monde, un écrivain colombien vivant à Rome se voit convié à un congrès de biographes à Jérusalem. Lui-même n’a jamais écrit de biographie, mais, curieux, il accepte l’invitation. Arrivé à Jérusalem, il découvre une ville en état de siège, sombrant peu à peu dans le chaos au fil des bombes qui explosent. Dans cette ambiance de pré-apocalypse, le congrès est maintenu vaille que vaille, et les interventions des participants ne manquent pas de piquant. Les deux vedettes en sont incontestablement José Maturana, ancien drogué et taulard devenu pasteur évangélique à Miami avant de laisser tomber le prêche, et Sabina Vedovelli, star italienne du porno. Mais d’autres personnages, un tantinet moins flamboyants, livrent eux aussi leurs exposés plus ou moins fantasques à l’assemblée. Comme s’il ne suffisait pas qu’il soit chahuté par les explosions et les coupures de courant qui s’ensuivent, le congrès est également bouleversé par le décès de José Maturana, retrouvé mort dans sa chambre. Suicide ou autre chose, le doute est permis, et notre écrivain non biographe tente d’en apprendre davantage sur ce personnage hors du commun.
Hors du commun, ce roman l’est aussi. Ne vous attendez pas à une lecture de tout repos, lisse et linéaire et propre sur elle. Non, il faut accepter d’être mené par le bout des yeux sans tout comprendre au début, d’être bousculé tant par les descriptions parfois très trash et sordides que par le style parfois graveleux et choquant, tantôt classique, tantôt lyrique et proche du flux de conscience. La construction est déroutante, dès lors que les récits des différents intervenants s’enchaînent sans lien entre eux (en dehors d’un effet comique à force d’être récurrent, puisque dans chaque histoire il y a toujours quelqu’un pour commander un sandwich au poulet avec un Coca, ou pour se prénommer Ebenezer), mais la boucle se boucle dans un final inattendu.
Avec ces confessions d’avant la fin du monde, Nécropolis 1209 montre toute l’étendue du talent et de la science de Santiago Gamboa. C’est cru et c’est morbide, mais c’est foutrement culotté et bien écrit (mention spéciale au traducteur). Un tour de force grandiose et magistral.

Présentation par l’éditeur :

Un écrivain est invité à un congrès de biographes à Jérusalem, ville assiégée par la guerre et sur le point de succomber. On y croise le libraire bibliophile Edgar Miret Supervielle, l’actrice italienne de cinéma porno Sabina Vedovelli, et surtout José Maturana, ex-pasteur évangélique, ex-forçat, ex-drogué, qui dans la langue puissante des rues les plus sordides raconte l’itinéraire de son sauveur, le charismatique Messie latino de Miami.
Peu après son exposé, José Maturana est retrouvé mort dans sa chambre. Tout semble indiquer un suicide, mais des doutes surgissent: qui était-il vraiment?
Ce tour de force littéraire et stylistique explore des mondes multiples et des vies extraordinaires avec une énergie débordante. Amour, jalousie, trahison, vengeance, amitié, tous veulent témoigner avant la fin du monde.

Evaluation :

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