Auteur: Giosuè Calaciura
Editeur: Editions Noir sur Blanc – 22 août 2019 (114 pages)
Lu en juillet 2019
Mon avis: Borgo Vecchio, quartier miséreux de Palerme, est le décor d’une tragédie antique et pourtant contemporaine, annoncée par l’accumulation de drames ordinaires et quotidiens que personne n’a eu l’idée d’empêcher.
Par exemple, il y a Cristofaro, jeune gamin martyr de l’alcoolisme de son père, et du silence de sa mère et de tout un quartier.
Puis il y a Celeste, la fille de Carmela la prostituée, coincée par tous les temps sur l’étroit balcon de l’appartement, pendant que sa mère « travaille » à l’intérieur.
Il y a aussi Mimmo, l’ami des deux précédents, qui rêve de les libérer de leurs parents irresponsables.
Et encore Totò, le voleur aux semelles de vent, jamais attrapé par la police, mais que son amour pur pour Carmela pourrait bien mettre en danger.
Et même les animaux paient un prix innommable à la cupidité des hommes. Nanà, le cheval des courses clandestines du père de Mimmo, vous en raconterait de belles (en fait, non, plutôt des affreuses) si seulement vous daigniez l’écouter avec vos oreilles d’enfant.
Borgo Vecchio est un quartier pouilleux et puant où la Misère écrase Dame Morale sous son talon de feu. Rien n’y fait, ni la colère divine qui se déchaîne en chaleur d’enfer ou en orage biblique pour mater cette Sodome ou Gomorrhe, ni la bonté de la Vierge au Manteau qui tente de sauver ce petit monde sous son voile de miséricorde. Las ! Le miracle n’aura pas lieu.
Borgo Vecchio, c’est une histoire de la violence des hommes, dans un contexte de pauvreté économique et morale, de mafia, de corruption, de convoitise et de cruauté, d’indifférence et de fatalisme.
S’il y a de l’humour, c’est parce que le désespoir est poli et tente de cacher la crasse morale ambiante sous des allures de farce.
S’il y a de la tendresse, c’est grâce à la poésie lyrique et au réalisme magique insufflés par la plume de l’auteur.
Personnellement j’aurais préféré plus de sobriété. Mais peut-être cette exubérance est-elle la seule façon d’adoucir un (tout petit) peu cette réalité morbide, déchirante et sans espoir.
En partenariat avec les Editions Noir sur Blanc via Netgalley.
#BorgoVecchio #NetGalleyFrance
Présentation par l’éditeur:
Mimmo et Cristofaro sont amis à la vie à la mort, camarades de classe et complices d’école buissonnière. Cristofaro qui, chaque soir, pleure la bière de son père. Mimmo qui aime Celeste, captive du balcon quand Carmela, sa mère, s’agenouille sur le lit pour prier la Vierge tandis que les hommes du quartier se plient au-dessus d’elle. Tous rêvent d’avoir pour père Totò le pickpocket, coureur insaisissable et héros du Borgo Vecchio, qui, s’il détrousse sans vergogne les dames du centre-ville, garde son pistolet dans sa chaussette pour résister plus aisément à la tentation de s’en servir. Un pistolet que Mimmo voudrait bien utiliser contre le père de Cristofaro, pour sauver son ami d’une mort certaine.
Il y a la mer, d’un côté du Borgo Vecchio, dont le vent apporte les parfums de viande chez ceux qui, de la viande, n’en mangent jamais. De l’autre, la plaine brûlante de la métropole, ses magasins, ses bourgeois, la loi et ses gardiens. Son marché aux balances truquées, ses venelles tortueuses et antiques, dans lesquelles la police n’ose pas s’aventurer.
L’intrigue est semblable à celle d’un livret d’opéra : violence et beauté, bien et mal se mêlent pour nous tenir en haleine jusqu’au grand finale.
Tout n’est pas si noir, il’me semble avoir entr’aperçu l’amitié et l’amour…