Auteur: Caryl Férey
Éditeur: Folio Policier – 2018 (512 pages)
Lu en mai 2021
Mon avis: Plus je lis les romans de Caryl Férey, plus je suis déçue.
J’avais beaucoup aimé « Zulu », beaucoup moins « Mapuche », j’ai néanmoins poursuivi avec « Condor », parce que ce qui concerne l’Amérique latine m’intéresse, mais ce n’était pas une bonne idée. J’ai eu l’impression de lire la variante chilienne de « Mapuche » (qui se déroulait en Argentine), une sorte de copié-collé de la recette précédente avec quelques ingrédients modifiés.
Ainsi nous avons Gabriela, une jeune vidéaste d’origine mapuche (qui n’est autre que la sœur de Jana, l’héroïne de « Mapuche », c’est dire si on va chercher loin), issue d’un milieu pauvre ; et Esteban, quarantenaire de la bonne et très riche société de Santiago, avocat rebelle qui crache dans la soupière en argent massif de ses origines et met un point d’honneur à ne défendre que les causes perdues. Ces deux-là n’étaient a priori pas destinés à se rencontrer. Sauf que, dans un quartier déshérité de la capitale dans lequel vivent des amis de Gabriela, quatre gamins ont été retrouvés morts en l’espace d’une semaine, sans que la police ne daigne s’investir dans un semblant d’enquête. Devant l’injustice, Gabriela fait appel à son ex-amante et femme politique, qui la met en contact avec Esteban. Voilà nos deux héros (bientôt amoureux, évidemment), qui se lancent dans une enquête où se mêlent trafic de drogue, corruption, enjeux économiques et exploitation illégale de ressources naturelles, sur fond de relents nauséabonds de la dictature.
Comme dans « Zulu » et « Mapuche », c’est un déchaînement de violence dans lequel les vies humaines ne valent rien, et les cadavres ne tardent pas à s’amonceler.
Point positif : le contexte chilien est plutôt bien documenté : Allende, Pinochet, le coup d’Etat piloté par les USA, la torture, l’opération Condor, Victor Jara, le triste sort des populations autochtones, la crise économique et sociale, l’héritage de la dictature, le coût exorbitant des études universitaires, la victoire à la Copa América de 2015,… ça brasse large et pêle-mêle, mais si l’on n’a jamais rien lu sur le Chili, c’est instructif.
Points négatifs : si on a déjà lu « Mapuche », ça sent le réchauffé, sans compter la même accumulation de stéréotypes et l’écœurement face à cette débauche de sang. J’ai trouvé cette histoire peu vraisemblable avec toutes ces coïncidences de tortionnaires et de torturés qui se retrouvent par hasard 40 ans après et qui en profitent pour régler leurs comptes. Je me suis souvent perdue dans les méandres de cette enquête multiple qui, à force de détours, devient ennuyeuse, en dehors de quelques épisodes plus rythmés. Et pourquoi cette histoire d’amour d’une mièvrerie de bisounours, teintée en prime de chamanisme rédempteur ? Mais en ce qui me concerne, le plus indigeste, c’est le style. Cela m’avait déjà agacée dans « Mapuche », mais décidément je n’aime pas du tout ce pseudo-lyrisme, cette « poésie » : la prose prétentieuse de Férey et ses métaphores douteuses m’ont définitivement convaincue de ne plus lire ses bouquins.
Présentation par l’éditeur:
Dans le quartier brûlant de La Victoria, à Santiago, quatre cadavres d’adolescents sont retrouvés au cours de la même semaine. Face à l’indifférence des pouvoirs publics, Gabriela, jeune vidéaste mapuche habitée par sa destinée chamanique et les souffrances de son peuple, s’empare de l’affaire. Avec l’aide de son ami Stefano, militant rentré au Chili après plusieurs décennies d’exil, et de l’avocat Esteban Roz-Tagle, dandy abonné aux causes perdues qui convertit sa fortune familiale en litres de pisco sour, elle tente de percer le mystère. Dans un pays encore gangrené par l’héritage politique et économique de Pinochet, où les puissances de l’argent règnent en toute impunité, l’enquête dérange, les plaies se rouvrent, l’amour devient mystique et les cadavres s’accumulent…