Auteur: Franck Thilliez
Editeur: Pocket – 2006 (341 pages)
Prix SNCF du polar 2007
Lu en 2013
Mon avis: On ne pourra pas reprocher à Franck Thilliez d’avoir fait une promotion déguisée, façon Office du Tourisme, de la région Lille – Dunkerque…C’est en effet dans cette zone sinistrée (c’est pas moi qui le dis) qu’est planté le décor de ce roman, entre terrils témoins d’un glorieux passé minier, usines désaffectées prouvant le déclin industriel et champ d’éoliennes comme un signe de confiance en un avenir durable…
Je ne vais pas résumer l’intrigue, cela a déjà été fait. Je me contenterai de dire que c’est efficace et bien construit (on ne peut s’empêcher de tourner les pages), mais je n’ai pas vraiment aimé. Il est vrai que je suis très exigeante en matière de polars/thrillers, et que j’en lis peu tant je crains d’être déçue.
Bref, revenons à nos moutons. Admirez au passage la transition, puisqu’il est question ici d’une « Bête », de vols bizarres dans des zoos, et de taxidermie. Pour le même prix, on nous vend aussi des enlèvements de fillettes, un magot de 2 millions qui s’est envolé, des amis de toujours qui ne se veulent pas que du bien, des poupées et des traumatismes d’enfance, une héroïne avec une sacrée part d’ombre et une bluette entre collègues flics. Tous les ingrédients sont réunis pour un succès commercial, que dis-je !, pour une histoire glauque au possible, qui a vocation à nous épouvanter.
Bof.
C’est plutôt l’écoeurement qui domine, tellement c’est trash. C’est « too much », et ça rend la trame et le tueur peu vraisemblables. La psychologie des personnages n’est qu’effleurée, et les « Gentils » ne sont même pas attachants. Même pas la fliquette sans grade qui se révèle plus futée que son chef, et qu’on sert jeune mère célibataire débordée par les biberons, sans doute pour nous la rendre plus proche. Mais elle n’est pas totalement lisse non plus, puisqu’elle est fascinée par les tueurs en série (l’occasion pour l’auteur d’étaler sa culture en la matière), et semble traîner un lourd secret (à se demander comment elle a réussi les tests psycho pour entrer dans la police). Celui-ci sert d’ailleurs de grosse ficelle pour amorcer une suite à ses aventures. Qu’on espère plus convaincantes après une fin bâclée et une scène finale entre les néo-tourtereaux risible.
Je garde le « meilleur » pour la fin : le style de l’auteur…D’accord, c’est fluide, mais il abuse de métaphores si alambiquées et incongrues que c’en est ridicule. Quelques exemples : « il pinça son stylo (?) et cocha n’importe quoi, histoire d’exciter sa parcelle de chance, de profiter de la loi des séries qui rythme la sinusoïde des destinées », et « devant, au travers de la baie vitrée, la dune se tendait au ciel, arrosée d’or lunaire, bercée par les herbes hautes qui bruissaient dans l’air tels des orgues de chlorophylle ». Pitié…le récit aurait gagné en efficacité avec un vocabulaire plus sobre.
Bon, j’accord quand même deux étoiles pour mon premier Thilliez, j’ai déjà lu plus mauvais…
Présentation par l’éditeur:
Imaginez…
Vous roulez en pleine nuit avec votre meilleur ami, tous feux éteints.
Devant vous, un champ d’éoliennes désert.
Soudain le choc, d’une violence inouïe. Un corps gît près de votre véhicule. À ses côtés, un sac de sport. Dedans, deux millions d’euros, à portée de la main.
Que feriez-vous ?
Vigo et Sylvain, eux, ont choisi.
L’amitié a parfois le goût du sang : désormais le pire de leur cauchemar a un nom… La Bête.
Pas très accrocheur en-effet ! Les phrases à rallonge qui desservent l’intrigue ne sont pas non plus ma tasse de thé.