Extraite de La position du pion (Rafael Reig – Métailié – 2017):
« Il n’y a pas de mystère plus grand que le fait que personne ne soit content de son corps, pas même les plus belles créatures ailées, alors que tout le monde s’estime satisfait de son esprit, se considère intelligent et en possession de qualités morales, y compris le violeur assassin qui jouait aux échecs en prison avec Alejandro Urrutia. Tout le monde reconnaît ses défauts physiques. Et quand il n’en a pas, il s’en invente. Mais y a-t-il quelqu’un qui soit capable de voir sa cellulite morale, sa culotte de cheval éthique, l’obésité de son intelligence ou les bourrelets de son âme? A l’intérieur, nous sommes tous nous-mêmes; mais notre corps, au contraire, nous paraît toujours étranger, construit par le regard des autres, par le désir des autres, par le jugement que d’autres nous imposent. »