jeudi , 21 novembre 2024

Le charme discret de l’intestin – Tout sur un organe mal aimé

Auteur: Giulia Enders

Editeur: Actes Sud – 2015 (350 pages)

Lu en janvier 2017

Mon avis: « Charme » et « discret » ne sont pas des mots qu’on associerait spontanément à « intestin ». De fait, celui-ci n’a rien d’un(e) bel(le) inconnu(e) timide qu’on rencontrerait par hasard dans le tram ou dans une librairie (oups pardon, ça c’est un fantasme de lecteur/trice). S’il ne nous est pas totalement inconnu puisque nous avons à faire (la grosse affaire) avec lui tous les jours, nous ne lui accordons généralement pas plus d’attention qu’aux citoyens lambda que nous croisons lors de nos transits quotidiens entre le métro et le dodo. A part quelques flatulences ou diarrhées intempestives qui nous le rappellent à notre « bon » souvenir, il se contente de faire son boulot dans son coin d’abdomen sans nous demander notre avis. Redoutable d’efficacité, ce travailleur acharné, maître des basses oeuvres qui ne rechigne pas à mettre les villosités dans la m…, euh, dans le cambouis, a, malgré sa silhouette peu esthétique mais invisible (sauf en cas de ballonnements), tout pour plaire à son employeur, c’est-à-dire vous et moi. On lui passera le défaut d’être un peu imbu de sa personne – enfin, de son organe – lui qui se voit, rien que ça, comme notre deuxième cerveau. Surtout qu’il n’aurait pas tout à fait tort, puisqu’il est établi qu’il est une base de données en tous genres, plus dense que celle de la NSA, dont il communique la primeur au cerveau via le nerf vague. Et vice-versa d’ailleurs.

Bref, si l’intestin n’est sans doute pas aussi doué question séduction que les doux yeux d’un(e) quelconque prince(sse) charmant(e) de chair et d’os, il n’en est pas moins une formidable machine de guerre (bactériologique) quand il s’agit de protéger notre système immunitaire et notre bien-être, même à l’insu de notre plein gré.

C’est tout le mérite de Giulia Enders d’avoir mis en lumière le rôle ingrat de cet organe que nous négligeons parfois mais qui, heureusement, ne nous en tient pas rigueur. Ce livre nous emmène en voyage dans le système digestif, de l’entrée à la sortie, nous en explique le fonctionnement et quelques dysfonctionnements, montre quelle fine équipe forment l’intestin et le cerveau, et fait l’inventaire des bactéries, bonnes et mauvaises, et de leurs luttes (intestines) de pouvoir. Ne vous attendez pas à un guide pratique sur « les 20 choses à faire pour avoir un intestin en pleine forme » ou à une liste exhaustive d’aliments à privilégier ou éviter. Il y a bien quelques conseils, assez évidents, style manger de la viande bio et des fibres, boire du thé vert, éviter les antibiotiques, mais ce livre est surtout un ouvrage de vulgarisation scientifique, qui opte pour un style léger et branché, et un ton humoristique (parfois trop potache), assez agréable à lire malgré quelques passages trop techniques aussitôt oubliés.

Voilà en tout cas un charme tout en « intériorités », dévoilé sous le feu des projecteurs. Plus question de discrétion…

Présentation par l’éditeur:

Surpoids, dépression, diabète, maladies de peau… et si tout se jouait dans l’intestin ?

Au fil des pages de son brillant ouvrage, Giulia Enders, jeune doctorante en médecine, plaide avec humour pour cet organe qu’on a tendance à négliger, voire à maltraiter. Après une visite guidée au sein de notre système digestif, elle présente, toujours de façon claire et captivante, les résultats des toutes dernières recherches sur le rôle du « deuxième cerveau » pour notre bien-être. C’est avec des arguments scientifiques qu’elle nous invite à changer de comportement alimentaire, à éviter certains médicaments ainsi qu’à appliquer quelques règles très concrètes en faveur d’une digestion réussie.

Irrésistiblement illustré par Jill Enders, la soeur de l’auteur, voici un livre qui nous réconcilie avec notre ventre. 

Succès surprise, Le Charme discret de l’intestin s’est vendu à plus d’un million d’exemplaires en Allemagne et sera publié dans une trentaine de pays.

Une citation:

« […] une odeur est capable de faire naître un sentiment d’attirance – les toxoplasmes le savent, tout comme les cochons truffiers. Pour une truie, la truffe dégage la même odeur qu’un beau cochon mâle – et si ce cochon torride s’est caché sous terre, alors ni une, ni deux, la truie creuse pour trouver enfin le cochon de ses rêves… à moins que ce ne soit qu’un champignon dépourvu de toute sensualité qu’elle laissera, déçue, à son éleveur. Personnellement, je trouve que le prix élevé des truffes est tout à fait justifié quand on pense à la frustration de la truie découvrant l’antithèse de son prince charmant. »

Evaluation :

Voir aussi

A la ligne – Feuillets d’usine

Auteur: Joseph Ponthus Editeur: La Table Ronde – 2019 (272 pages)/Folio – 2020 (288 pages) …

6 commentaires

  1. Ce n’est pas la première fois que je lis de bons commentaires sur ce livre. Je vais finir par le lire ! 😉

  2. Ce livre est dans ma PAL. Je reviendrai lire ton avis plus tard à son sujet…