Auteur: Fabrice Caro
Editeur: Folio – 2020 (224 pages)
Lu en avril 2020
Mon avis: Prononcer un discours lors du mariage de sa sœur, voilà la mission qu’Adrien vient d’accepter, lors d’un dîner en famille chez ses parents. Le commanditaire, son futur beau-frère Ludo, est loin d’imaginer qu’il vient de plonger Adrien dans un abîme de panique. « Un discours, moi ? mais qu’est-ce que je vais bien pouvoir raconter de drôle ? » Ce n’est pas qu’Adrien soit dépourvu d’humour, non, mais là, voyez-vous, ça tombe vraiment mal, ce n’est pas le moment, ça fait seulement 37 jours qu’il s’est fait plaquer par Sonia, et 37 jours, à l’échelle d’une souffrance éternelle, c’est peu, ça ne fait que commencer et, c’est bien connu, c’est le début qui est le plus difficile. Et comme si ça ne suffisait pas, Adrien, un peu maso, beaucoup déboussolé, passionnément désespéré, à la folie amoureux, a envoyé, juste avant de partir chez ses parents, un texto à Sonia – J’espère que tu vas bien, bisous –, laquelle, 30 minutes plus tard, n’a toujours pas répondu. L’angoisse. A table, Adrien ne raconte rien de tout cela, accepte l’idée du discours sans oser se rebiffer, et attend que son téléphone vibre dans sa poche. En pilotage automatique au milieu du bourdon d’une conversation de famille insipide recyclée pour la 276ème fois, son esprit vagabonde de souvenirs en brouillons de discours, perdu dans un monologue intérieur mélancolique. Adrien s’apitoie in petto sur son sort de loser et d’inadapté social, mais cesse de temps en temps de se regarder le nombril pour balancer (en pensée) quelques piques sur les membres de sa famille, avant de retomber quelques lignes plus loin dans les affres du désamour unilatéral.
Moi qui espérais faire travailler mes zygomatiques avec ce roman, me voilà déçue. Alors oui il y a quelques scènes qui m’ont fait pouffer, plusieurs qui m’ont faire sourire, et même si l’ensemble est assez finement observé et drolatique, le personnage d’Adrien ne m’a pas vraiment touchée. Il n’en finit pas de ruminer, tourne en boucle confiné (le mot du moment) dans sa tête, au point qu’on s’agace et qu’on a envie de lui hurler de dire enfin tout haut ce qu’il pense tout bas, histoire de secouer sa vie étriquée. Malgré l’ironie et l’autodérision, l’histoire de ce personnage désabusé et déprimé, dont personne ne semble rien attendre d’original, ne m’a pas apporté la dose d’endorphines que j’attendais.
Présentation par l’éditeur:
« Je prononcerai ce discours à une condition, Ludo, une seule : que tu arrêtes de faire grincer ta fourchette dans ton assiette. Je pourrais tuer pour ça. Il y a des codes, Ludo, sinon c’est le bordel. Sept milliards de névrosés essayant de vivre ensemble, se faisant croire que c’est possible, qu’on ne tue pas pour un grincement de fourchette dans l’assiette, qu’on ne quitte pas son amoureux parce qu’il fait du bruit en buvant son café. »
Lors d’un dîner en famille, Adrien, qui vient de se faire plaquer, apprend qu’il doit prendre la parole au mariage de sa sœur. Entre le gratin dauphinois et les tentatives de discours toutes plus absurdes les unes que les autres, il n’espère qu’une chose : que Sonia revienne.
Un récit digne des meilleures comédies romantiques, où l’on retrouve l’humour décalé de Zaï zaï zaï zaï.