Auteur: Azouz Begag
Editeur: Points – 2005 (256 pages)
Lu en décembre 2015
Mon avis: « Le gone du Chaâba »? qu’est-ce que c’est que ce brol de titre ? Eh oui, c’est seulement à la lecture de la quatrième de couverture que le décodeur s’est allumé dans ma tête de belgo-bruxelloise inculte. Avec le surtitrage, ça donnerait quelque chose comme « le gamin du bidonville lyonnais ». Et Dieu (ou Allah) sait l’importance qu’ont les mots dans ce récit, leur sens, leur traduction, leur utilisation compliquée par le fait qu’on emploie une langue à la maison et une autre à l’école.
Dans ce roman auto-biographique, Azouz Begag, qui fut un temps ministre à la Promotion de l’Egalité des Chances sous Chirac, raconte son enfance dans les années 60. Fils d’immigrés algériens, il vit entassé avec ses parents et ses frères et soeurs dans une bicoque en planches, dans le quartier des baraquements de Villeurbanne. Ni eau courante, ni électricité, la vie au Chaâba est rude et, entre la classe et la cabane dans les bois, les gamins fouillent le dépotoir municipal et déchargent des cageots au marché. Bouts de ficelle et système D…
Et puis, il y a l’école, où il n’est pas simple de s’intégrer quand on n’a pas la même couleur (peau, cheveux, yeux) que les petits Français, et quand les autres petits Arabes vous voient comme un traître parce que vous essayez d’en apprendre un max et que vous êtes dans les petits papiers de l’instit. L’école, un professeur attentionné, c’est parfois suffisant pour provoquer le déclic d’une vie, quand l’enseignant repère parmi tous ces garnements celui dont le cerveau est un terreau favorable, une éponge qui ne demande qu’à s’éveiller et à se gonfler de connaissances.
Comme souvent pour les histoires racontées à hauteur d’enfant, ce récit est drôle, dur, triste, à la mesure des rêves de cet âge-là, de ses bêtises et de ses drames. Sans pour autant faire pleurer les violons, c’est touchant, attachant et plein de tendresse, alors moi je craque…
Présentation par l’éditeur:
Le Chaâba ? Un bidonville près de Lyon… Un amas de baraques en bois, trop vite bâties par ces immigrants qui ont fui la misère algérienne. Les éclats de rire des enfants résonnent dès le lever du soleil. Les « gones » se lavent à l’eau du puits et font leurs devoirs à même la terre. Mais chaque matin, ils enfilent leurs souliers pour se rendre à l’école avec les autres… Là, de nouveaux horizons apparaissent: un monde de connaissances, de rêves et d’espoirs.
Je l’avais bien aimé aussi.
Une belle lecture que j’ai encore en mémoire…