jeudi , 21 novembre 2024

Le poids du coeur

Auteur: Rosa Montero

Editeur: Métailié – 2016 (368 pages)

Lu en novembre 2021

Mon avis: Dans ce deuxième volet des aventures futuristes de Bruna Husky, nous retrouvons la réplicante de combat (une androïde « techno-humaine »), qui n’a désormais qu’un peu plus de trois ans à vivre avant que ne se déclenche sa TTT (tumeur totale techno) qui la tuera dans de brèves mais horribles souffrances. La détective privée est chargée cette fois de retrouver un curieux diamant noir. Son enquête la mènera d’abord sur Labari, une planète proche de la Terre, régie par un système de castes moyenâgeux puis, de retour sur Terre, aux confins du monde connu, dans une zone de guerre où seraient enfouis dans le plus grand secret les déchets nucléaires de l’humanité. La mission est pleine de dangers et de surprises, et Husky est accompagnée, pour le meilleur ou le pire, par Daniel Deuil, son « tactile » (sorte de kiné-psycho-thérapeute) et de Clara, réplicante issue de la même matrice qu’elle, en quelque sorte son clone industriel, sauf que Clara est plus jeune et que ses vrais-faux souvenirs et émotions lui ont été implantés par un autre mémoriste que celui de son aînée. Bruna peut aussi compter sur ses amis déjà présents dans « Des larmes sous la pluie » : Yannis, le vieil archiviste dépressif, le sombre et séduisant inspecteur Lizard, et Bartolo, son drôle de petit animal de compagnie.

Nous voilà donc plongés en plein 22ème siècle, dans un monde high-tech mais hyper pollué, où il faut payer pour respirer de l’air pur et avoir le droit de vivre dans un environnement sain et propre.

« Le poids du cœur » est un thriller dystopique écologique qui pose la grande question de la gestion des déchets radioactifs, mais au-delà de ce thème principal, on retrouve d’autres sujets, notamment des réflexions pertinentes sur le racisme, le fanatisme religieux, le pouvoir de l’argent, l’accès aux soins de santé, la destruction de l’environnement. Et surtout, un questionnement plus philosophique, récurrent chez Rosa Montero, sur le sens de la vie, le temps qui passe, la mémoire, la vieillesse, l’amour, la mort, la solitude, la maladie.

Rosa Montero confirme une fois de plus son grand talent de conteuse, et celui de construire un univers cohérent et crédible, flippant tant il paraît proche de nous. Ses personnages truculents et complexes ont de l’épaisseur, à commencer par Bruna Husky, tiraillée entre ses contradictions, angoissée par son compte-à-rebours vital au point d’en être quasiment tétanisée et de s’empêcher d’aimer et vivre.

Un roman d’anticipation aux rebondissements incessants, fluide, intelligent et attachant.

Présentation par l’éditeur:

Bruna Husky, la réplicante de combat des Larmes sous la pluie, a du vague à l’âme, la brièveté de sa vie programmée l’angoisse. Sa nouvelle enquête l’embarque dans une sombre affaire de poubelles atomiques aux confins du monde connu, dans une zone où règne une guerre permanente.
Elle est accompagnée dans son aventure d’un « tripoteur’ séduisant autant qu’inquiétant et d’une réplicante née de la même matrice industrielle qu’elle, son portrait craché. Cet alter ego plus jeune l’amène à s’interroger sur son humanité et son destin.
Ses vieux amis, Yiannis l’archiviste, qui change d’humeur au gré de sa pompe à endorphines, Bartolo le boubi glouton, le taciturne inspecteur Lizard sont toujours là pour lui sauver la mise. Bruna Husky est une survivante qui se débat entre l’indépendance totale et un besoin d’affection désespéré, un animal sauvage prisonnier de sa courte vie.
Rosa Montero construit des mondes extraordinaires, étranges et cohérents, avec une maestria de conteuse hors pair. Elle écrit tout à la fois un roman d’aventures politique et écologique, un thriller futuriste, une réflexion sur la création littéraire, une métaphore sur le poids de la vie et l’obscurité de la mort… et rappelle l’urgence de vivre et d’aimer quel que soit le monde qui nous est dévolu.

Evaluation :

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