jeudi , 21 novembre 2024

Maison des autres

Auteur: Silvio D’Arzo

Editeur: Verdier Poche – 2015 (96 pages)

Lu en mars 2020

Mon avis: Dans ce petit village de montagne perdu au milieu des Apennins, la vie passe sans qu’il ne se passe rien. Un vieux curé, quelques bergers, des femmes qui font la cuisine, des enfants, des chèvres. « Ce qu’ils font, ici à Montelice ? dis-je. Eh bien, ils vivent, voilà. Ils vivent et c’est tout, il me semble ». Et puis un jour, une vieille lavandière s’installe à la limite du village. Elle a manifestement une question à poser au prêtre. Une question simple, mais grave et douloureuse. Alors elle tergiverse, fait des détours, écrit une lettre au curé mais la récupère avant qu’il l’ait lue, puis finit par lui poser sa question au crépuscule d’un soir d’automne. Le prêtre, totalement pris au dépourvu, ne lui répond que phrases bibliques et sermons, là où la vieille femme, qui avait pourtant pressenti cette réaction, attendait de l’authenticité et une aide réelle…

Maison des autres est un tout petit livre, un chef-d’œuvre de concision et de minimalisme. Sa prose épurée oscille entre poésie et réalisme, entre mystère des choses humaines et évidence de la nature. Il donne à voir, au bout d’un certain suspense, comment une rencontre hors du commun transforme un quotidien banal et archaïque en drame intemporel. Un texte aussi court que marquant.

Présentation par l’éditeur:

« Ici, en haut, il y a une certaine heure. Les ravines et les bois, les sentiers et les pâturages deviennent d’une couleur vieille rouille, puis violette, puis bleue : dans le soir naissant, les femmes soufflent sur leurs réchauds, penchées au-dessus des marches, et le bruit des clarines de bronze arrive clairement jusqu’au village. Les chèvres se montrent aux portes avec des yeux qui semblent les nôtres. »

La douloureuse question qu’une vieille femme, après lapsus et repentirs, pose au prêtre d’un village perdu de l’Apennin, dans Maison des autres, ne peut avoir de réponse : l’univers minéral et désolé où elle affleure, par la magie d’une prose obsédante, se referme sur le drame indicible qui fait le livre. Tout aussi dense est la rencontre d’un instituteur et d’un « veuf de village », à la fin de la guerre, dans Un moment comme ça, qui débusque le tragique sous l’apparence du sordide, et qu’on peut lire comme un double de Maison des autres dont la figure féminine serait absente. Mais le vrai mystère de ces deux récits tient à la façon dont leur rythme même transforme en consolation la profondeur du deuil.

Evaluation :

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