Auteur: Margot Vanderstraeten
Editeur: Presses de la Cité – 10 octobre 2019 (364 pages)
Lu en décembre 2019
Mon avis: A la fin des années 80, la narratrice est une jeune étudiante en traduction à Anvers. Pour arrondir ses fins de mois, elle répond à une petite annonce pour donner des cours de soutien scolaire à quatre enfants d’une même famille, âgés de 8 à 16 ans. Le fait que la famille Schneider soit juive ne la gêne pas, mais c’est en se rendant à l’entretien d’embauche qu’elle prend conscience du choc de cultures auquel elle va être confrontée. Elle, jeune femme athée gauchisante vivant hors mariage avec un Iranien réfugié politique, s’apprête à devenir répétitrice dans une famille juive orthodoxe, certes modérée, mais qui respecte d’innombrables règles, préceptes et rituels religieux dont certains vont lui paraître absurdes. Contre toute attente et contrairement à ses prédécesseurs, la jeune femme parvient à s’adapter et à se faire accepter par la famille, en particulier par Jacob, 14 ans et Elzira, jeune fille dyspraxique maquant de confiance en elle. Malgré des gaffes, des incompréhensions réciproques et des différences de culture et de croyance irréductibles, les deux « côtés » s’apprivoisent, dialoguent et font preuve de tolérance. La jeune étudiante réalise que, à l’image de son ami iranien, les juifs orthodoxes sont souvent mal perçus, par ignorance et peur de la différence. Dans un contexte de première Guerre du Golfe, d’Intifada, avec le poids de l’Holocauste encore vivace chez les adultes de cette génération, ils s’accrochent à leur identité et à leur foi pour faire front face à l’adversité, s’attirant paradoxalement des réactions antisémites de plus en plus violentes. Elle a aussi du mal avec l’idée que la religion puisse régenter tous les aspects de la vie, de sorte qu’on s’y soumet sans devoir réfléchir et sans jamais rien remettre en question, quitte à se contorsionner pour adapter la modernité à ces dogmes millénaires. En dépit de tout cela, des liens sincères et privilégiés se tissent et se maintiennent, la confiance se gagne, jusqu’à aujourd’hui, trente ans plus tard.
Mazel Tov ! est un modèle de délicatesse, de tolérance et d’ouverture d’esprit, d’accueil de la différence et d’efforts réciproques de compréhension malgré les barrières. Une très intéressante histoire d’amitié, de respect et d’humanité, un émouvant plaidoyer pour le vivre-ensemble.
Bonne résolution pour 2020 : résister au repli sur soi.
Mazel Tov ! (bonne chance)
PS : petit clin d’œil anecdotique, quoique cela parle aussi de différence : l’auteure se livre à une petite comparaison assez piquante (pour une Belge francophone) entre Flamands (néerlandophones de Belgique) et Néerlandais : « Et plus généralement, l’esprit d’ouverture qui caractérise les Néerlandais. Les Flamands sont un peuple fermé, tu le sais aussi bien que moi. Les Néerlandais trouvent tout et tout le monde sympathique et formidable. On dit de nous que nous sommes superficiels. C’est sûrement vrai. Mais ce serait une erreur de penser que des gens qui ont tendance à faire une problématique de tout ont plus de consistance. Même si je dois reconnaître que trop de superficialité peut être très fatigant« .
#MazelTov #NetGalleyFrance
Présentation par l’éditeur:
Dans les années 1990, afin de financer ses études, la jeune Margot Vanderstraeten répond à une petite annonce. En se rendant à l’entretien d’embauche, elle ignore qu’elle s’apprête à entrer dans un monde à des années-lumière du sien : celui d’une famille juive orthodoxe de la ville d’Anvers. Dans Mazel Tov !, elle revient sur cette expérience et offre aux lecteurs une immersion unique dans cette communauté. Elle qui vivait à l’époque avec un Iranien, réfugié politique, s’est peu à peu vu accepter dans un environnement très religieux, respectueux de traditions séculaires.
Mazel Tov !, c’est le récit du choc des cultures, le portrait d’une famille qui peine à concilier coutumes et modernité, mais a pourtant su nouer avec l’auteure des rapports privilégiés. Dans un contexte politique alors particulièrement tendu, marqué par la guerre du Golfe et les intifadas, Margot Vanderstraeten nous parle de respect, de curiosité, d’humour, et interroge avec brio le thème, plus brûlant que jamais, du vivre-ensemble.
Ce livre m’intéresse, je vais demander à ma bibliothèque de l’acheter. Merci pour cette découverte. C’est la première fois fois que je viens sur ce blog, suite à une critique de La langue de ma mère de Tom Lanoye sur Babelio. Je viens de le finir et j’ai bcp aimé également. Je reviendrai certainement sur ce blog, j’ai déjà noté bcp de nouvelles idées. J’ai lus certains livres de ta sélection 5* et je suis d’accord avec les commentaires. merci ! C’est chouette aussi d’avoir le point de vue d’une belge 🙂
Chouette! merci pour ta visite et ton message 🙂 Je serai heureuse de lire tes commentaires. A bientôt!