Auteur: Dorothée Werner
Editeur: Fayard – 5 janvier 2022 (288 pages)
Lu en février 2022
Mon avis: Ce soir-là, alors que des vents violents se déchaînent depuis des semaines et que des incendies ravagent la périphérie de Paris, ils se rencontrent à nouveau. C’est la cinquième fois et aujourd’hui, ils ont rendez-vous dans un de ces hôtels sans charme de l’aéroport. On ne connaîtra pas leurs prénoms.
Lui, c’est « le diplomate », 60 ans passés, toujours entre deux avions à parcourir le monde pour convaincre inlassablement les dirigeants et organismes de tous bords que la planète est à l’agonie et qu’il est temps d’agir en conséquence. Elle, c’est « la fille », 20 ans de moins, chef monteuse expérimentée de documentaires pour la télévision. Tous deux sont mariés avec un.e autre, sont parents. Ils se sont rencontrés dans le cadre professionnel, quelque chose a jailli entre eux.
Mais est-ce bien raisonnable ? Ils aiment chacun leur conjoint et leur famille, alors est-il sensé de risque de tout foutre en l’air, le jeu en vaut-il la chandelle ?
Dans une ambiance pré-apocalyptique, lui se dit que c’est peut-être une occasion de vivre un ultime – à son grand âge – chavirement amoureux. Elle, elle aurait bien envie d’envoyer balader sa vie quotidienne, vide et lourde, et la morale bien-pensante, et d’attraper au vol une bulle d’oxygène inespérée.
Les quelques heures qu’ils passent ensemble dans ce terminal sinistre sont tout en marche avant, marche arrière et pas de côté, dans la tête de l’une puis de l’autre, dans les retours sur leurs vies respectives et leurs quatre premières rencontres. Entre les tergiversations intérieures et les passes d’arme mouchetées, il y a quelques éclairs de tendresse, de sincérité et de courage, et des petites voix qui poussent à écouter le cœur plutôt que la raison, d’autant plus quand l’avenir s’annonce plus que compromis.
« N’avance que désarmé » raconte une histoire simple et banale, sur fond d’effondrement climatique imminent. Il y a quelques moments poignants, désarmants, mais globalement je reste sur une impression de froideur et de distance. Je pense que c’est dû au style, qui use et abuse du lexique cinématographique, à une écriture qui, selon moi, recherche trop l’effet de style et le lyrisme. Reste la question qui nous est renvoyée : que ferions-nous s’il ne restait que le présent à vivre ?
En partenariat avec les Editions Fayard via Netgalley.
#Navancequedésarmé #NetGalleyFrance
Présentation par l’éditeur:
Lui, diplomate, qui connaît par cœur les textes des grands traités internationaux, alinéa par alinéa, mais n’aspire qu’à la poésie.
Elle, monteuse, qui voit le monde en champ-contrechamp, sait qu’une vie ne peut jamais se raconter comme dans les films, sauf à ce que la mémoire comme l’écriture fasse de certaines séquences de formidables rushs .
C’est leur cinquième rencontre, un soir dans un aéroport, lui entre deux avions, elle accourue depuis la ville proche pour passer quelques heures avec lui dans ce lieu sans grâce.
Sur fond de dérèglement climatique et d’apocalypse à venir, chacun convient pourtant de l’absence de trajectoire possible pour leur histoire, comme si leurs engagements passés et l’état du monde complotaient pour les priver d’avenir.
Mais l’amour n’a-t-il pas beaucoup à gagner quand le présent se révèle la seule chose à laquelle deux êtres puissent soudain se résoudre ?
Dans une langue vibrante et lyrique, Dorothée Werner campe des personnages bouleversants qui se jettent dans la magie d’une nuit pour tenter d’oublier cette condition, qui est aussi la nôtre. Et nous parle de la nécessité de se laisser désarmer par l’accident miraculeux qu’est toujours une rencontre.