Editeur: Le Livre de Poche – 2016 (640 pages)
Lu en novembre 2016
Mon avis: Moi aussi, je suis tombée sous le charme de Rebecca – le roman.
Moi aussi, si j’avais rencontré Rebecca – la femme – j’aurais été, comme tous les personnages du livre, envoûtée par sa grâce et sa beauté magnétiques.
« J’ai rêvé la nuit dernière que je retournais à Manderley ». Avec cette phrase d’ouverture, on a tôt fait de comprendre que la narratrice a quitté sans retour Manderley, magnifique manoir sur la côte anglaise, après un événement qui ne sera dévoilé qu’à la dernière ligne.
Mais qui est-elle, cette narratrice dont on ne connaîtra jamais le prénom et qui pourtant nous raconte toute son histoire ? A la lire, personne, ou presque. Tout au plus est-elle la très jeune dame de compagnie d’une vieille rombière américaine en cure de cancans à Monte-Carlo. « Elle » se décrit comme insignifiante, effacée, timide, maladroite, dépourvue de toute personnalité et de confiance en elle. Mais « elle » plaît à Maxim de Winter, qui épouse après quelques semaines cette improbable élue de son coeur, lui qu’on disait pourtant dévasté après la mort par noyade de sa première femme, Rebecca.
« Elle » ose à peine croire à sa chance et à son bonheur, persuadée qu’ « elle » ne sera jamais à la hauteur. Après un voyage de noces en Italie – sur un nuage, les jeunes mariés rentrent à Manderley. « Elle » redoute son nouveau rôle de maîtresse de maison, ignorant tout des codes d’un milieu qui n’est pas le sien. Se sentant en permanence dans la peau d’une usurpatrice, « elle » se sent bien seule, alors que son mari vaque à ses occupations, au milieu des domestiques distants voire méprisants, et surtout face à la franche hostilité de Mme Danvers, ancienne gouvernante de Rebecca. « Elle », incolore et insipide, ne peut imaginer rivaliser avec la flamboyante et envoûtante Rebecca.
Difficile d’en dire plus sans déflorer l’intrigue… Sachez seulement que certains charmes peuvent se révéler malfaisants et destructeurs…
Comment expliquer la fascination exercée par ce roman alors que, dans d’autres circonstances, on aurait plutôt eu envie de secouer une narratrice aussi geignarde, et qu’on resterait sceptique face à une histoire si peu vraisemblable et presque mièvre ? Sans doute grâce à l’atmosphère sombre et étouffante qui crée une angoisse permanente et qui fait monter la tension, aux attitudes ambiguës, sournoises, violentes, de certains personnages, qui font pressentir une tout autre réalité.
Lutte par-delà la mort entre deux femmes aussi différentes que le feu et l’eau, l’une adulée et l’autre falote, Rebecca est un récit psychologique intriguant, qui, dans un style classique et limpide, nous emporte dans les troubles méandres de l’âme humaine.
« J’ai rêvé la nuit dernière que je retournais à Manderley », rêve, ou cauchemar ? Rebecca – la femme, le roman – n’a pas fini de vous hanter…
Présentation par l’éditeur:
Un manoir majestueux : Manderley. Un an après sa mort, le charme noir de l’ancienne propriétaire, Rebecca de Winter, hante encore le domaine et ses habitants. La nouvelle épouse, jeune et timide, de Maxim de Winter pourra-t-elle échapper à cette ombre, à son souvenir ?
Immortalisé au cinéma par Hitchcock en 1940, le chef-d’œuvre de Daphné du Maurier a fasciné plus de trente millions de lecteurs à travers le monde. Il fait aujourd’hui l’objet d’une traduction inédite qui a su restituer toute la puissance d’évocation du texte originel et en révéler la noirceur.
Une lecture que l’on n’oublie jamais…
Vous me donnez envie de le relire! Je ne me souviens pas de la narratrice comme quelqu’un de geignard, plutôt craintive et mal à l’aise du fait de son origine sociale, mais c’est vrai que l’ambiance est excellente. j’ai aussi vu qu’il y avait une nouvelle traduction de l’Auberge de la Jamaique, un autre roman noir et fascinant de Du Maurier. J’ai hâte de redécouvrir!
Merci pour votre commentaire! « geignarde » dans le sens où elle ne cesse de se lamenter intérieurement d’être, comme vous dites bien, craintive et mal à l’aise. Au bout d’un moment cela pourrait être lassant même si on comprend bien aussi qu’il lui est difficile de surmonter ses peurs. Je note l’Auberge de la Jamaïque!
Il faut absolument que je lise cette romancière ! 😉
voilà une idée de cadeau pour le Père Noël 😉