Auteur: Donald Westlake
Editeur: Rivages/Noir – 2013 (412 pages)
Lu en août 2015
Mon avis: Ce qui est chouette, chez Donald Westlake, c’est qu’il a l’art de raconter des histoires dans lesquelles tout devrait bien se passer mais dont on sait pourtant à l’avance qu’elles vont aller droit dans le mur, et qu’il nous fait pleurer de rire en se payant gentiment la tête de ses personnages.
On pourrait appeler ça « la malédiction Dortmunder ». Le pauvre… Notre compère, personnage principal et récurrent d’un bon nombre de bouquins de Westlake, est, au fil de ceux-ci, passé maître ès cambriolages-parfaits-en-théorie-mais-invariablement-foireux-en-pratique. Et là, il est un peu bousculé dans ses petites habitudes, et ça le rend grognon.
Jugez donc : le OJ Bar & Grill, et surtout son arrière-salle dont les murs ont entendu toutes les idées, plus brillantes les unes que les autres, de Dortmunder et de sa petite bande de bras cassés depuis les origines (imaginez un peu l’attachement sentimental), le OJ, disais-je, est tombé aux mains de la mafia locale. Voilà donc nos amis obligés de se réunir dans le salon de Dortmunder, ou pire, dans un autre bar. Mais pas question de laisser passer l’affront, l’honneur est en jeu, il faut libérer le OJ ! Ok, mais n’oubliez pas de surveiller vos derrières, pardon, vos arrières, les gars, parce que la mafia, question honneur, elle en connaît un rayon long comme un jour sans bière…
L’autre petit caillou dans la chaussette même pas trouée de Dortmunder, c’est Arnie. Le receleur imbuvable est passé à la machine à laver les soucis du Club Med des Caraïbes, et il en revient, non pas tout blanc, mais tout bronzé, et en plus, aimable et joyeux, et en plus, avec une affaire en or massif 24 carats et plus si affinités, puisqu’il s’agit de « vider » le luxueux appartement new-yorkais de Preston Fareweather, richissime mais néanmoins exilé au Club Med précité depuis des années pour échapper aux faramineuses pensions alimentaires réclamées par ses quatre vautours d’ex-femmes (le pauvre…aussi). Un coup facile, donc, trop facile même, et on se demande vraiment comment Dortmunder & Cie vont s’y prendre pour échouer avec classe, une fois de plus…
Si vous cherchez du noir-sombre-dur-triste, surtout ne lisez pas les mésaventures de John Archibald Dortmunder et de ses potes, tous loosers pathétiques mais tellement attachants. Ici, on rit (et même pas jaune), tout en compatissant au sort de nos sempiternels malchanceux, et en nous désespérant avec eux de cet énième grain de sable dans un si bel engrenage.
Et même si on rit un peu moins que dans « Dégâts des eaux », faut avouer qu’on n’a pas boudé son plaisir et qu’on en reprendra bien une tranche à l’occasion, avec quelques verres au comptoir du OJ, par exemple. A la vôtre !
Présentation par l’éditeur:
Un receleur miteux en villégiature dans les Caraïbes rencontre un riche collectionneur d’art, qui se cache pour échapper à ses ex-épouses. Pendant ce temps, son luxueux appartement est vide : une proie facile pour Dortmunder et son équipe de génies du cambriolage. Peut-être trop facile, justement, car en véritables artistes, ces derniers ne peuvent rien faire comme tout le monde. En plus, leur repaire, le fameux OJ Bar & Grill, est tombé entre les mains de la pègre, la vraie…
Aaaaah, mon copain Dortmunder ! Faudra que je m’en lise quelques uns lors des longues soirées d’hiver morne et tristes, il a le chic pour me mettre de bonne humeur ! 😉
Cette critique m’a l’air bien sympathique ! Merci pour la découverte.