Auteur: Ian Manook
Editeur: Le Livre de Poche – 2015 (648 pages)
Prix SNCF du Polar – 2014
Grand Prix des lectrices Elle – Policiers – 2014
Prix Quai du Polar – 2014
Lu en octobre 2018
Mon avis: Quand la quatrième de couverture (édition poche) annonce quelque chose comme « une maîtrise époustouflante pour le polar le plus primé et le plus dépaysant de tous les temps », j’ai toujours une hésitation : une méfiance crasse pour ces dithyrambes que je soupçonne excessifs et qui me font passer mon chemin, ou un reste d’illusion et d’ouverture d’esprit qui me fait me jeter sur le bouquin. Dans le cas d’espèce, j’ai choisi la deuxième voie, pour en conclure que j’aurais gagné du temps à emprunter la première. Naïve que je suis…
Et donc, polar le plus primé de tous les temps, je n’ai pas vérifié (si quelqu’un a l’info, je prends). Polar le plus dépaysant, ça je veux bien lui laisser, c’est pas tous les jours qu’on croise des fictions qui se déroulent en Mongolie. Quant à la maîtrise époustouflante… J’ai terminé ce roman il y a à peine un mois et je serais bien incapable de vous en détricoter l’intrigue. En dehors du fait que Yerul-quelque chose est un super-flic et qu’il mène deux enquêtes de front (qui s’avéreront liées, tiens, que c’est original): dans l’une, il retrouve les ossements d’une fillette au fond de la steppe ; dans l’autre, à Oulan-Bator, il a sur les bras les cadavres de trois Chinois émasculés et de deux prostituées massacrées, et retrouvées avec les « bazars » (ah, cette finesse d’écriture) des Chinois précités dans la bouche. On retient aussi que Yerul… est un super-flic (je répète pour enfoncer le clou), entouré de collègues véreux qui lui mettent des bâtons dans les roues, et de nombreux personnages féminins qui subissent, pour la plupart, et parfois à cause de lui, des atrocités sans nom. Parce qu’en plus des prostituées et de la fillette susmentionnées, il y a sa co-équipière qui comprendra à ses dépens ce qu’on entend par « risques du métier », sa fille aînée (grand merci pour la description racoleuse de ses brûlures effroyables), sa fille cadette tuée cinq ans plus tôt pour le forcer à lâcher une de ses enquêtes, et son ex-femme, emmurée dans sa douleur depuis lors. Il n’y a que la médecin-légiste qui s’en sort à bon compte, et encore, il s’en est fallu d’un galop de cheval dans la montagne. Tout cela explique que Yerul… soit un super-flic (oui oui) borderline et impitoyable. Il n’y a qu’un seul autre « gentil » côté masculin, un improbable gamin des rues dégourdi qui vient à la rescousse.
A part ça, l’intrigue est fort complexe, transposable partout ailleurs dans le monde sauf peut-être aux Pôles. On apprend qu’il y a beaucoup de corruption en Mongolie, que le pays est écartelé entre tradition et modernité, que des Chinois et des Sud-Coréens tentent d’en faire leur terrain de jeu commercial et/ou de divertissement, à peu près à n’importe quel prix. On apprend aussi des choses sur l’histoire-géo et la culture du pays, mais c’est un peu comme si, entre deux castagnes, on plaquait quelques paragraphes de guide touristique, avec en bonus une dose d’onirisme lourdaud (ok, on a compris que la Mongolie est un pays de chamanisme). Tout cela est très long, va trop vite ou trop lentement et manque de liant. Trop de violence gratuite (et le premier chapitre du 2è roman de Manook, publié en bonus, n’augure rien de mieux), des personnages caricaturaux, une intrigue tirée par les cheveux et du placement de produits (toute la gamme de la marque à la pomme et les sandales roses « Salut Minou »).
Cela ne m’empêchera pas un jour d’aller en Mongolie, mais ce ne sera pas grâce à Ian Manook.
Présentation par l’éditeur:
Rude journée pour le commissaire Yeruldelgger Khaltar Guichyguinnkhen. A l’aube, il apprend que trois Chinois ont été découpés au cutter dans une usine près d’Oulan-Bator. Quelques heures plus tard, dans la steppe, il déterre le cadavre d’une fillette aux boucles blondes agrippée à son tricycle rose.
Il y avait la Suède de Mankell, l’Islande d’Indridason, l’Ecosse de Rankin, il y a désormais la Mongolie de Manook !
Une maîtrise époustouflante pour le polar le plus dépaysant et le plus primé de tous les temps.
C’est bizarre l’effet de ce livre ! Je le croise partout, tout le monde semble le trouver époustouflant, bon toi tu t’éloignes du lot, et je n’arrive toujours pas à le lire… Je vais remettre cette lecture à plus tard… bien plus tard.
Oui je me rends compte que je vais à contre-courant (sans être la seule à avoir un avis négatif), je pense que je suis très exigeante en matière de polar 😉