Auteur: Haruki Murakami
Editeur: 10/18 – 2012 (550 pages)
Lu en 2013
Mon avis: Quelle étrange histoire que cette histoire… Une histoire ? Non, en réalité il y en a deux. Une pour chacun des personnages principaux : Aomamé et Tengo.
A priori, ils n’ont rien en commun, sauf d’être jeunes trentenaires solitaires dans une grande ville japonaise en ce printemps de l’an de grâce 1984. Aomamé est professeur de fitness dans un club de sport chic, et accessoirement tueuse à gages, pour la bonne cause et pour le compte d’une vieille dame fortunée. Tengo est un romancier en herbe pas encore publié, et accessoirement professeur de mathématiques.
A priori ils ne se connaissent pas, mais sait-on jamais ? Vont-ils se croiser à un moment donné ? forcément on se pose la question, et on suppose que le hasard apportera la réponse, ou pas. Parce que la probabilité qu’ils se rencontrent, déjà mince, deviendrait infime si on s’apercevait qu’ils ne vivent peut-être pas dans le même univers, à la même époque… Si Tengo semble bien ancré en 1984, les certitudes d’Aomamé vacillent quand elle se rend compte qu’elle n’a jamais entendu parler de certains événements pourtant bien connus dans son entourage, et surtout quand elle aperçoit deux lunes dans le ciel nocturne. Aurait-elle glissé, à son insu, dans un monde parallèle, en 1Q84 ?
Tengo a son content d’interrogations, lui aussi, depuis que son éditeur l’a chargé de réécrire le roman d’une inconnue, pour le faire concourir au Prix des nouveaux auteurs. Etrange créature que cette jeune fille de 17 ans, Fukaéri, qui parle à peine et qui croit en l’existence des Little People…
Difficile d’en dire plus à ce stade. Ce premier livre de la trilogie est un tome de mise en place, où il est question de violences faites à des femmes et des fillettes, de sectes, de vengeance et de justice. Je n’ai pas encore compris où tout cela allait mener, mais il est agréable de se laisser envoûter dans ce labyrinthe dans lequel on perd ses repères au fur et à mesure qu’on avance. D’ailleurs on n’avance pas toujours, dans cette réalité dure et violente teintée de fantastique, on tourne parfois en rond, on revient en arrière quitte à s’ennuyer un peu, on repart en avant pour arriver presque au même endroit par un chemin presque identique. On croit alors comprendre quelque chose mais en réalité c’est plus complexe qu’avant. Ou peut-être pas. Une certitude : toujours, on s’interroge. Sur les événements, sur leur imbrication, leurs liens, et sur Aomamé l’impassible et Tengo le conformiste, qui semblent si lisses, si routiniers, si calmes. Cela semble inévitable : on arrive à l’été, il faudra bien qu’une tempête se déchaîne autour d’eux d’ici à décembre 1984, ou 1Q84…
Présentation par l’éditeur:
Entre l’an 1984 et le monde hypnotique de 1Q84, les ombres se reflètent et se confondent. Unies par un pacte secret, les existences de Tengo et d’Aomamé sont mystérieusement nouées au seuil de deux univers, de deux ères… Une odyssée initiatique qui embrasse fantastique, thriller et roman d’amour, composant l’oeuvre la plus ambitieuse de Murakami.
Quelques citations:
– « Aomamé reprit: » Tu sais, que ce soit à propos d’un menu ou des hommes, ou de n’importe quoi d’autre, nous avons l’impression de choisir par nous-mêmes. Alors qu’au fond il se peut que nous n’ayons pas le choix. Tout a déjà été décidé dès le départ et nous faisons seulement semblant de choisir. Comme si nous avions vraiment du libre arbitre, enfin, comme on dit. Parfois, c’est ce que je pense.
– Eh bien alors, la vie est vraiment sombre ».
– « La plupart des gens ne savent pas apprécier la valeur d’un roman. Mais ils ne veulent pas rester à l’écart de la mode. Donc, il suffit qu’un livre ait reçu un prix, que tout le monde en parle, pour qu’il soit acheté et lu ».
– « Cela ne lui disait rien de tomber amoureux, d’entamer une liaison, avec les responsabilités qu’il lui faudrait assumer. Les étapes psychologiques par lesquelles il devrait passer au cours de cette liaison, les signes mêmes de son éventualité, les attentes et les conflits qui ne manqueraient pas de se produire à ce propos…cette série d’embêtements, il faisait tout pour les éviter ».
Un petit passage, un petit coucou, un grand encouragement… 🙂
Merci Fnitter! 🙂