jeudi , 21 novembre 2024

Cobre (cuivre)

Auteur: Michel Claise

Editeur: Editions Luce Wilquin – 2017 (256 pages)

Lu en mai 2019

Mon avis: Le Chili a connu lui aussi son 11-Septembre, bien avant celui du WTC. C’était en 1973, le jour où le général Pinochet prenait la tête du coup d’Etat qui allait renverser le gouvernement démocratique de Salvador Allende. Juste avant de se suicider dans le Palais présidentiel de la Moneda, celui-ci confie une ultime mission à Jorge Correa, un de ses jeunes collaborateurs qu’il apprécie particulièrement : remettre dans les mains de Fidel Castro une mallette remplie de documents confidentiels. Mais quelques heures après le coup d’Etat, le pays a sombré dans la folie et l’horreur des purges brutales et aveugles. Jorge se cache dans la cave d’un ami pendant plusieurs semaines en attendant une accalmie dans cette vague de violence. C’est avec de faux papiers d’identité qu’il tente alors de fuir vers le nord et la Bolivie. Mais le régime a eu vent de sa mission secrète et lance à ses trousses le meilleur limier du pays, le commissaire Ramón Gil. Entre Santiago et la frontière bolivienne dans le désert d’Atacama, Jorge connaîtra la torture dans les geôles de la dictature mais aussi la solidarité de ses compagnons d’infortune, de solides amitiés au détour de rencontres de hasard, et même un peu d’amour, avant de ressentir le vide de l’exil, qui ne sera pas comblé lorsqu’il rentrera au Chili après le retour de la démocratie : « l’exil, c’était donc, dans le monde et quel que soit l’endroit où on se trouve, n’être qu’un humain décalé, déboussolé, abandonné. Celui que tous les autres citoyens désigneraient dorénavant par un seul mot : étranger« .
« Cobre » est un roman (ou récit, puisque basé sur des faits historiques et des anecdotes réelles) qui se lit d’une traite, grâce à des péripéties rondement menées et des personnages attachants. Michel Claise est un juge d’instruction bruxellois redoutable, spécialiste de la criminalité financière. Marqué par ses rencontres avec de nombreux exilés chiliens en Belgique pendant les années 80, il a voulu faire œuvre de mémoire avec ce livre, dont le titre (le cuivre est la principale ressource naturelle du Chili) rappelle aussi que Pinochet a été la marionnette des USA, qui voulaient protéger les intérêts économiques de leurs entreprises implantées au Chili et menacées de nationalisation par le gouvernement socialiste d’Allende. Et Michel Claise de faire le constat amer, dans une postface touchante, que l’Histoire ne cesse de repasser les plats au nom du Dieu-profit : « l’éthique, cette richesse du pauvre« . Pessimiste sans être désespéré, Michel Claise rend aussi hommage au Chili, à ses paysages sublimes (qu’il faut aussi protéger de l’appât du gain), et à deux de ses deux grands poètes, Pablo Neruda et Violeta Parra, dont les textes parlent de l’invincibilité de l’humain, d’amour et de vie (« Gracias a la vida« ), envers et contre tout.

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Présentation par l’éditeur:

Chili, 11 septembre 1973. La junte militaire renverse le gouvernement démocratiquement élu. Le président Allende se suicide dans son palais de fonction, la Moneda. Juste avant, il a confié à son jeune chargé de communication une mission secrète, qui va entraîner celui-ci sur les routes, dans les mines et dans les geôles d’un pays désormais sans espoir social. Car le Chili bascule dans l horreur : exécutions sommaires, arrestations arbitraires, tortures… Jorge se terre durant plusieurs semaines dans la cave d’un restaurant ami, avant de tenter de prendre, sous une fausse identité, la direction de la Bolivie. Mais le meilleur policier du pays, le commissaire Ramón Gil, a été chargé de l’arrêter. Et la traque commence. D’Antofagasta au camp de concentration de Chacabuco, où il est torturé, et au désert d’Atacama, le héros va vivre une transmutation pareille à celle du cuivre, la richesse du Chili.

Les faits historiques et les anecdotes qui animent le récit sont rigoureusement réels, certains personnages ont existé.

Evaluation :

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2 commentaires

  1. Face à l’argent et au pouvoir, le destin d’un homme est bien peu de chose…