mercredi , 20 novembre 2024

Encore une journée divine

Auteur: Denis Michelis

Editeur: Noir sur Blanc (Notabilia) – 19 août 2021 (208 pages)

Lu en septembre 2021

Mon avis: Robert est un brillant psychothérapeute, auteur d’un best-seller planétaire : « Changer le monde ».

Que s’est-il passé pour qu’il se retrouve interné à l’hôpital psychiatrique Sainte-Marthe ? On mettra du temps à le comprendre (et encore, tout cela n’est, au final, pas très clair), tant Robert se fait prier pour répondre aux questions du Docteur, lui servant, ainsi qu’à Madame l’Infirmière qui l’assiste, de longs discours alambiqués sur son métier, sa vie, sa révélation (voir plus loin), le décès accidentel (?) de son frère adoré (?) Honoré, son père, sa mère. Difficile de démêler le vrai du délire dans ce monologue où Robert semble faire à la fois les questions et les réponses. L’illustre pensionnaire de Sainte-Marthe parle aussi de son livre, qu’il a écrit après un changement radical dans sa méthode thérapeutique : fatigué d’écouter ses patients avec compassion depuis des années pour un piètre résultat, il les pousse désormais à agir au lieu de parler. Assez de blabla, soyons simples et efficaces : vous avez peur des araignées ? Évitez-les. De l’avion ? Prenez le train. Vous êtes accro à l’alcool ? Buvez de l’eau. Vous êtes en conflit avec quelqu’un ou avec vous-même ? … je vous laisse deviner la solution.

Robert a-t-il fini par mettre en pratique sa nouvelle théorie ? Peut-être. Peu de choses apparaissent certaines dans ce roman : ni l’existence du Docteur ou de l’Infirmière, même pas celle du livre écrit par Robert, celle de ses compagnons de chambre ou des salsifis à tous les repas, et encore moins ce que Robert a commis, ou pas, de monstrueux.

Ce qui est sûr, en revanche, c’est que Robert ne provoque pas la sympathie, ni même l’empathie. En plein déni, prétentieux, arrogant, frustré, envieux, pleurnicheur, ce Calimero pathétique et incompris collectionne les qualificatifs peu flatteurs. D’accord, c’est son frère qui a toujours été le chouchou valorisé et admiré par papa, mais de là à faire preuve de tant de virulence (auto-)destructrice…

De Denis Michelis, j’avais dévoré « Etat d’ivresse » en quelques heures. Pareil avec celui-ci, qui captive, distille un certain suspense et installe une atmosphère inconfortable, accentuée par le fait qu’à la fin tout n’est pas révélé et que le doute et les questions sont semés.

« Encore une journée divine » est un roman un brin diabolique, incisif, grinçant, et met en garde contre la simplification à outrance du langage et de la pensée, qui trace la voie royale (ou présidentielle) aux populismes. Surtout ne pas croire, comme ce cher Robert, « qu’il est devenu impossible de penser le monde dans toute sa délicieuse et inquiétante complexité« , ou que « nous avons besoin de réponses simples […] surtout si les problèmes sont complexes« . A trop simplifier, attention, la folie nous guette…

En partenariat avec les Editions Noir sur Blanc via Netgalley.

#Encoreunejournéedivine #NetGalleyFrance

Présentation par l’éditeur:

De quoi Robert est-il coupable ?
Un beau jour, ce thérapeute reconnu, essayiste prolifique, n’a plus supporté de voir ses patients stagner et s’est mis en tête de changer radicalement de méthode. Assez de réflexion, d’introspection, d’écoute compatissante : le temps était venu de passer à l’action !
Au même moment, son frère disparaissait mystérieusement en mer.
Désormais, c’est entre les murs d’un hôpital psychiatrique que Robert se confesse.
Avec les élucubrations de ce psy désaxé, manipulateur et profondément dans le déni, Denis Michelis nous offre une farce tragique aux allures de roman policier. Un livre corrosif, plus que jamais d’actualité, sur la menace constante du populisme, la tentation et le danger d’une simplification de la pensée.

Evaluation :

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