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Patagonie route 203

Auteur: Eduardo Fernando Varela

Éditeur: Métailié – 20 août 2020 (357 pages)

Prix Casa de las Américas 2019

Lu en août 2020

Mon avis: Il y a le pays où l’on n’arrive jamais, et il y a celui que l’on ne quitte jamais : la Patagonie.
Parker, chauffeur routier, n’abandonnerait pour rien au monde ces immensités arides et désolées, inhospitalières et sublimes, « son plaisir à traverser des villages et des hameaux où les gens étaient destinés à croupir jusqu’à la mort et à les abandonner à leur sort« . Au volant de son camion dont la cargaison n’est pas toujours réglo, il sillonne en tous sens les routes secondaires de Patagonie pour éviter la police. Son camion est son refuge, ces espaces infinis sa zone de confort. Solitaire, il limite au maximum les contacts avec les autres représentants de l’espèce humaine, jusqu’à ce que sa route croise celle de Mayten, la jeune et belle épouse d’un forain brutal.
Mayten, elle, rêve de s’échapper de ce désert et de vivre dans une grande ville : « En observant l’espace qui l’entourait, elle se dit que la cage qui l’emprisonnait était vaste, sans barreaux, ni portes, ni fenêtres, infinie. Une cellule où elle pouvait se mouvoir à volonté, mais d’où elle ne pourrait jamais s’échapper. C’était la plus terrible des prisons, dont les murs s’étendaient à perte de vue et au-delà. Elle se demanda ce qu’étaient devenus ses rêves et ses espoirs, son ambition de quitter pour toujours ces solitudes et de vivre dans une ville avec de vraies rues et des immeubles, des gens marchant sur les trottoirs sans devoir se protéger des bourrasques et toujours chercher un abri« .
La rencontre, l’amour, la fuite. Voilà les deux tourtereaux embarqués dans un road-trip surréaliste, dont le seul but semble être d’échapper à la vengeance d’un mari jaloux. Mais pour aller où, et pendant combien de temps ? Entre Mayten qui rêve de Buenos Aires et Parker agrippé à sa vie d’ermite, il y a l’amour et la fuite, mais ensuite, la séparation ou les concessions ?
« Patagonie route 203″ est un roman onirique et envoûtant, qui nous immerge dans un voyage erratique, absurde et improbable. Au coeur d’une région à la fois infinie et oppressante, balayée par un vent invraisemblable, on suit des personnages tourmentés mais peut-être pas aussi égarés qu’on pourrait le croire, on assiste à des rencontres improbables dans des villages aux noms tout aussi surréalistes, à des dialogues et situations absurdes et savoureux. Solitude et promiscuité, noirceur et humour, le mélange est lui aussi improbable, mais réussi. Un magnifique premier roman.

En partenariat avec les Éditions Métailié.

Présentation par l’éditeur:

Au volant de son camion, un énigmatique saxophoniste parcourt la géographie folle des routes secondaires de la Patagonie et subit les caprices des vents omniprésents.

Perdu dans l’immensité du paysage, il se trouve confronté à des situations aussi étonnantes et hostiles que le paysage qui l’entoure. Saline du Désespoir, La Pourrie, Mule Morte, Indien Méchant et autres lieux favorisent les rencontres improbables avec des personnages peu aimables et extravagants : un journaliste qui conduit une voiture sans freins et cherche des sous-marins nazis, des trinitaires anthropophages qui renoncent à la viande, des jumeaux évangéliques boliviens gardiens d’un Train fantôme, un garagiste irascible et un mari jaloux…

Au milieu de ces routes où tout le monde semble agir avec une logique digne d’Alice au pays des merveilles, Parker tombe amoureux de la caissière d’une fête foraine. Mais comment peut-on suivre à la trace quelqu’un dans un monde où quand on demande son chemin on vous répond : « Vous continuez tout droit, le jeudi vous tournez à gauche et à la tombée de la nuit tournez encore à gauche, tôt ou tard vous allez arriver à la mer » ?

Ce fabuleux premier roman est un vrai voyage à travers un mouvement perpétuel de populations dans un paysage dévorant, auquel le lecteur ne peut résister.

Evaluation :

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