mercredi , 20 novembre 2024

Je suis Pilgrim

Auteur: Terry Hayes

Editeur: Le Livre de Poche – 2015 (912 pages)

Prix des lecteurs du Livre de Poche (policier) 2015

Lu en janvier 2018

Mon avis: – Bon alors, c’est qui, ce Pilgrim, à la fin ?
– Quoi, t’es pas au courant ? C’est le nouveau super-héros qui va sauver le monde !
– Sans blague ?!
– Si si, mieux que Superman, Captain America et tous les autres ensemble !
– Mais encore ?
– Mais si, tu sais, le brave Pèlerin qu’on envoie incognito en croisade à Bodrum en Turquie ?
– En croisade ? Tu veux dire en croisière ?
– Non non, en croisade, pour neutraliser le méchant Infidèle qui veut détruire les Etats-Unis, Pilgrim vs Sarrasin, les gentils contre les méchants, le Bien contre le Mal, quoi.
– Encore les Etats-Unis ? Y avait pas déjà eu le 11 Septembre ?
– Si, mais cette fois c’est plus subtil : il faut s’attaquer aux States pour déstabiliser le monde, donc l’Arabie Saoudite et les méchants obscurantistes qui ont décapité le papa de Sarrasin quand il était petit.
– Et il est tout seul pour éviter ça, Pilgrim ?
– Bah oui, mais il est très très fort, et puis c’est un truc de service hyper-secret, alors faut éviter de mettre trop de monde dans la confidence, et surtout éviter une panique planétaire.
– Planétaire ? Mais qu’est-ce qu’il veut faire, ce méchant Sarrasin ?
– Bidouiller les gènes d’un machin bactériologique, mais je ne peux pas t’en dire plus, tu comprends, sinon les gens vont se méfier des vaccins qu’on impose à leurs enfants.
– C’est pas déjà le cas, ça ?
– Ah oui, tu crois ?
– Oui bon, il est quand même vachement malin, le Sarrasin, pour fabriquer ça tout seul dans son labo de cambrousse.
– Eh oui, merci Internet…
– Et puis, pourquoi Bodrum ? Y va en profiter pour bronzer, notre James Bond post-moderne ?
– Meuh non, c’est parce que Big Brother, enfin Echelon, a repéré deux appels téléphoniques bizarres entre Bodrum et le fin fond de l’Afghanistan.
– Ah oui, c’est bien connu, tous les terroristes viennent de là…
– Eh oui, merci Ben Laden…
– Non mais, sérieusement, les autorités turques vont laisser la CIA jouer tranquillement aux cow-boys dans leur pays sans explication ?
– Mais non, enfin, les Américains sont quand même plus subtils que ça !
– Euh…
– Oui bon, en fait ils ont eu du bol, parce que justement un citoyen US en vacances venait justement de tomber d’une falaise dans les environs de Bodrum, et donc Pilgrim se fait passer pour un agent du FBI pour pouvoir enquêter sur cette mort suspecte.
– Donc il a deux marrons sur le feu en même temps ? Quel as…
– Même que ça va chauffer… mais heureusement il a une super-équipe qui l’aide depuis la Maison Blanche, avec en plus un Président super-intelligent, super-raisonnable et super-confiant en son agent d’élite.
– Tu te fous de moi, là ?
– Pas du tout, je te rappelle que ceci est une fiction.
– Ah oui c’est vrai, j’me disais bien qu’y avait un truc…
– Et en plus il peut aussi compter sur un super-flic qui est son super-pote et qui est super-loyal.
– Bon, et alors, ça finit comment ?
– A ton avis, puisque c’est Pilgrim qui raconte l’histoire ?

Tout ça en 900 pages, avec en prime de longs flash-back sur les précédentes aventures de Pilgrim, ses états d’âme et ses cas de conscience (histoire de donner de l’épaisseur au personnage et ne pas en faire une froide machine à tuer), un paquet de coïncidences et de coups de chance ou de malchance plus ou moins vraisemblables, de clichés sur les Bons (les Américains) et les Méchants (les terroristes, forcément musulmans), avec une sorte de mea culpa consterné à propos du soutien de la CIA à des types genre Ben Laden lors de l’invasion de l’Afghanistan par l’ex-URSS, qui en arrivent des années plus tard à des 11 Septembre, au nez et à la barbe de tous les services de renseignements occidentaux en faillite systémique.
C’est parfois pompeux (la plus grande menace jamais connue par le monde libre, le meilleur des meilleurs agents de la Terre,…), pompant (900 pages pour ça, c’est lent et long), et le pompon pour un « thriller d’espionnage exceptionnel », c’est que justement c’est prévisible et convenu, donc pas exceptionnel.
Mais je dois reconnaître que c’est une lecture divertissante, pour la plage ou les lendemains de réveillon, mais sans plus.

Présentation par l’éditeur:

Une jeune femme assassinée dans un hôtel sinistre de Manhattan. Un zoologiste, père de famille, décapité en public sous le soleil d’Arabie Saoudite. Le directeur adjoint d’un institut médical énucléé en Syrie. Un complot visant à commettre un effroyable crime contre l’humanité. Et en fil rouge, reliant ces événements, un dénommé Pilgrim. Pilgrim n’existe pas officiellement. Sous ce nom de code se cache un homme qui, autrefois, a dirigé une unité d’élite des services secrets et qui, avant de se retirer dans l’anonymat le plus total, a écrit un livre de référence sur la criminologie et la médecine légale. Un homme rattrapé par son passé d’agent secret.

Un thriller d’espionnage exceptionnel, mélange de Homeland et de Jason Bourne.

Une citation:

– …et des jeunes hommes au corps ferme dans des maillots de bain minuscules, communément appelés hamacs à banane.

 

Evaluation :

Voir aussi

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Auteur: Antoine Choplin Editeur: Editions du Rouergue – 2011 (158 pages)/Points – 2015 (168 pages) …

4 commentaires

  1. Je lis pas des avis incroyablement positifs dessus, et vu la brique que c’est, je suis pas trop tentée…

  2. Belle critique ! Pleine d’humour, mais c’est bon les sauveurs de l’humanité on connaît, alors je passe mon tour.