Auteur: Michel de Grèce
Editeur: France Loisirs – 1982 (443 pages)
Lu en août 2016
Mon avis: Aimée du Buc de Rivery a réellement existé. Née à La Martinique autour de 1773, dans une famille aristocratique de planteurs de canne à sucre, elle est une cousine éloignée de Joséphine de Beauharnais. Envoyée en France pour parfaire son éducation alors qu’elle n’a que douze ans, elle repartira pour la Martinique en 1788, mais n’y parviendra jamais, son navire ayant disparu. C’est là que commence la légende, qui nous est ici racontée. Aimée aurait été capturée par des pirates barbaresques, puis vendue sur le marché aux esclaves d’Alger. Séduit par sa grande beauté, le pacha d’Alger l’achète pour l’offrir en cadeau à son seigneur, le vieux sultan Abdoul Hamid, souverain de l’Empire ottoman. Voici donc Aimée, 14 ans à peine, en route pour le harem du sultan de Constantinople. Désormais prisonnière du sérail, elle devient la favorite d’Abdoul Hamid et la mère adoptive de son fils Mahmoud. Quelques années plus tard, le sultan Sélim succède à Abdoul Hamid sur le trône de l’empire et dans le coeur d’Aimée. Celle-ci, à 16 ans, ne devient pas seulement la femme de la vie de Sélim, mais aussi son éminence grise, son ultime conseillère en matière de politique.
Mais au sérail, la vie n’est pas un long fleuve tranquille : jalousies, rivalités et intrigues de palais font rage, entraînant trahisons, empoisonnements et assassinats. Sélim et Aimée doivent faire face à cette adversité interne féroce, mais aussi aux menaces extérieures qui pèsent sur l’Empire. Les guerres incessantes avec la Russie, les jeux de chat et de souris avec l’Angleterre puis la France de Bonaparte ne leur laissent aucun répit. Le trône de Sélim finira par vaciller, au profit de Mahmoud, le fils adoptif d’Aimée. Celle-ci reçoit alors le titre de Sultane Validé, sorte de Reine-mère, et auprès du nouveau sultan, poursuivra de loin en loin sa tâche de conseillère, jusqu’à sa mort en 1817.
Crédible ou non, le destin de cette jeune femme est follement romanesque. Mais cette histoire aurait mérité d’être racontée avec un je-ne-sais-quoi de plus qui l’aurait rendue réellement passionnante. L’auteur, dont le style est très classique, décrit certes des choses intéressantes et connaît bien son sujet, mais le ton est par moments plus proche du documentaire sur la vie dans un harem et la politique étrangère de la Turquie au 18ème siècle, que de la biographie d’une femme au destin hors du commun. Et à d’autres moments, on baigne dans l’eau de rose (cela m’a vaguement rappelé « Indomptable Angélique », en plus sage), avec une héroïne trop parfaite et son prince trop charmant, et des dialogues d’une platitude affligeante : « Dis-moi, Zinah, est-on malheureux quand on est esclave ? (…) Ca dépend du maître, Aimée ».
En conclusion : instructif grâce à son volet politique, notamment le jeu d’échecs avec la France et la Russie, exposé de façon limpide, mais trop peu captivant en raison du manque de profondeur de personnages trop lisses et stéréotypés.
Présentation par l’éditeur:
Aimée Dubuc de Riverie, cousine de la future impératrice Joséphine, naquit à la Martinique à la fin du XVIIIè siècle. Capturée par les pirates barbaresques à l’âge de quinze ans, offerte par le Dey d’Alger au Sultan de Constantinople, elle verra dès lors toute son existence se dérouler dans le Sérail. Favorite du vieux Sultan, amoureuse et aimée de son successeur, mère adoptive d’un troisième Sultan, elle détiendra un pouvoir occulte de plus en plus important.
Rédigeant ses Mémoires alors que ses jours sont comptés, Aimée revit l’incroyable aventure de l’enfant qui croyait en son destin : comment l’adolescente réduite en esclavage devint, à travers l’amour et les larmes, une jeune femme passionnée puis une Sultane au sommet de la puissance dans le monde clos, violent, fastueux et fascinant de la cour de Turquie.
Michel de Grèce, en donnant la parole à son héroïne, anime d’un souffle romanesque la parfaite reconstitution d’une vie hors du commun.
C’est un livre que j’ai lu, il y a quelques années déjà et qui ne m’avait pas passionné outre mesure. Seule la vie dans le harem m’avait interpellée, le sort de toutes ces femmes enfermées était sinistre et leur seule activité, la jalousie. Ce n’est pas une condamnation, juste un constat…
Oui cet enfermement doit être épouvantable d’ennui. Mais j’avais déjà lu ce genre de récit ailleurs, ce n’était donc pas vraiment nouveau pour moi.