Auteur: Domingo Villar
Editeur: Liana Lévi – 2011 (380 pages)
Lu en décembre 2019
Mon avis: Sur la plage de Panxón, un petit port de pêche près de Vigo, en Galice (Espagne), un cadavre aux mains ligotées vient de s’échouer. C’est celui d’un marin du village. Suicide ou meurtre ? L’inspecteur Leo Caldas et son adjoint Rafael Estevez, du commissariat de Vigo, mènent l’enquête. Mais « carallo », qu’il est difficile d’obtenir des réponses claires et précises de ces Galiciens bourrus et taiseux ! Et c’est encore pire quand les questions de la police réveillent les fantômes (au propre et au figuré) du passé, parce que alors ils se montrent carrément superstitieux, « tocando ferro » (touchant du fer) et crachant par terre, sans prendre la peine d’éviter vos chaussures. Malgré tout, il apparaît assez vite que la mort du marin serait le résultat d’une sombre histoire de vengeance et d’une longue quête de vérité. Mais les apparences sont trompeuses…
Un roman policier classique, à l’ancienne, sans effusion de sang, sans grand tapage psychologique ou technologique, au rythme assez lent, mais il en faut, du temps, pour délier les langues de ces Galiciens. Et d’ailleurs le roman vaut autant pour son enquête que pour son atmosphère. C’est que la Galice en est aussi un personnage à part entière : celle des petits villages de pêcheurs authentiques, celle d’une côte sauvage et accidentée faite d’écueils et de courants traîtres, battue par l’Atlantique, ses naufrages et tempêtes épiques, sa pluie, ses croyances têtues, sa cuisine simple et savoureuse, coquillages crustacés et vin blanc, une Galice côtière, un Finistère espagnol qui ressemble d’ailleurs à sa cousine bretonne. Pardon, je m’emballe, mais Domingo Villar en parle tellement bien, l’air de rien, que j’ai envie d’y retourner (j’y ai quelques racines), juste pour vérifier que le « pulpo con cachelos » et les « ameixas á mariñeira » sont toujours aussi bons.
Présentation par l’éditeur:
Les Galiciens ? Ce sont des taiseux selon Rafael Estevez, adjoint de l’inspecteur Caldas. Et dans la halle aux poissons du port de Panxon, les mots ne servent qu’à surenchérir lors des ventes à la criée. Impossible de tirer des pêcheurs une quelconque information, même un noyé qui gît mains ligotées sur la plage les laisse de marbre. Pourtant, sur cette côte espagnole battue par l’Atlantique, la rumeur court, silencieuse. Elle parle de naufrages, de bateaux engloutis, de vengeance des morts, d’amulettes contre le mauvais sort… Au comptoir des tavernes où se retrouvent les marins, dans le brouhaha des conversations et des parties de dominos, on peut en saisir quelques bribes. Mais difficile pour nos deux policiers de tirer le bon fil dans cet enchevêtrement d’histoires vraies et de superstitions…