Auteur: Adrien Blouët
Editeur: Editions Noir sur Blanc – 15 août 2019 (120 pages)
Lu en juillet 2019
Mon avis: Hennes Van Veldes vient d’obtenir son diplôme en cinéma. Après ces quelques années d’études dans le cocon douillet d’une université berlinoise, le voilà confronté à la vraie vie et à la nécessité de gagner sa croûte. Après avoir réalisé deux documentaires plus ou moins confidentiels, il décide de se créer un site internet et de se lancer en tant que documentariste free-lance. C’est ainsi qu’il est contacté par un obscur écrivain allemand vivant au Danemark, Cornelius Düler. Celui-ci, qui semble avoir connu ses cinq minutes de célébrité quelques décennies auparavant, commande à Hennes un film sur Wolfgang Laib, un artiste plasticien à peine plus mémorable et vivant désormais en reclus au fin fond du sud de l’Allemagne. Les consignes de Düler sont assez étranges (Hennes doit filmer sans être vu et sans entrer en contact avec Laib, et le film n’est destiné qu’à l’usage personnel de Düler), mais Hennes, arrogant et sûr de lui, accepte le challenge. Le voilà parti sac au dos et caméra au poing, s’installant dans une auberge de jeunesse lugubre, dans la région tout aussi sinistre où se trouve la maison de Laib. Pataugeant seul pendant des jours dans la boue et le froid entre champs et forêts aux abords de l’habitation qui semble déserte, Hennes perd peu à peu tout repère, s’isole dans un abri de chasse et se perd à la marge de l’humanité: « Difficile de dire si l’isolement et la solitude l’amenèrent à la folie ou, dans une moindre mesure, à l’égarement, ou si ces états se trouvaient déjà en lui, attendant un prétexte pour prendre le dessus sur tout autre sentiment raisonnable ».
En effet, difficile à dire, et le texte n’apporte pas de réponse à cette interrogation. Le roman, jusque là plutôt contemplatif et émaillé de réflexions philosophiques, change brutalement de rythme pour se terminer en enquête policière rondement menée.
Conclusion : j’en reste perplexe : est-ce une histoire de manipulation et de vengeance ? Le portrait d’une jeunesse sans repères à qui on n’a pas appris à s’adapter aux réalités de la vie? Une critique d’un certain art contemporain perçu comme une arnaque parce que vide de sens ? Un peu de tout cela, peut-être.
« L’absence de ciel » est porté par une belle écriture classique mais me laisse sur ma faim. Si le ciel est absent, quelques étoiles dans ma note le sont aussi.
En partenariat avec les Editions Noir sur Blanc via Netgalley.
#LabsenceDeCiel #NetGalleyFrance
Présentation par l’éditeur:
Adrien Blouët nous embarque dans un récit où son héros, Hennes Van Veldes, est un jeune étudiant en cinéma à Berlin, vaguement artiste-vidéaste. Pour trouver de l’argent autant que pour donner un sens à une vie post-étudiante désœuvrée, il se présente comme « documentariste free-lance ». C’est à ce titre qu’un vieil écrivain, Cornelius Düler, le contacte et lui demande de réaliser un film sur Wolfgang Laib, un artiste du sud de l’Allemagne.
Cet étrange commanditaire veut ce film pour lui seul. Il finance le jeune Hennes, qui part en auberge de jeunesse avec sa caméra pour trouver des traces de Laib, lequel demeure invisible. Après des jours à errer, traîner et filmer autour de la maison désertée, à scruter les plus infimes inflexions de signe de vie, Hennes est moins troublé par le jeu des révélations que par l’isolement menaçant du lieu.