lundi , 18 mars 2024

Akhénaton le renégat

Auteur: Naguib Mahfouz

Editeur: Folio – 2000 (197 pages)

Prix Nobel de littérature 1988

Lu en 2014

akhénatonMon avis: « Lui qui aurait pu être musicien ou poète devint pharaon, et ce fut un désastre ».
Manifestement, Akhénaton, fils du pharaon Aménophis III, n’avait pas la carrure d’un homme d’Etat au sens des canons de l’époque. De nature quasi-divine, un pharaon se doit de garantir la splendeur et le rayonnement de l’Egypte sur le reste du monde. le pharaon et la grande Epouse royale sont aussi les représentants et les premiers serviteurs des divinités.
Des années avant de monter sur le trône d’Egypte, Akhénaton a cependant entendu une Voix, qui lui demande de croire désormais en un Dieu Unique, proclamant une Vérité de paix, d’amour et de joie. Akhénaton, d’une nature douce, sensible aux arts et à la beauté bien plus qu’à la chose publique, commencera alors à prêcher cette foi nouvelle, heurtant de front les traditions religieuses et le clergé qui en est le garant. A la surprise générale, le nombre de nouveaux fidèles ne cessera de croître pendant le règne d’Akhénaton et Néfertiti.
Mais un empire tel que l’Egypte ne peut être gouverné uniquement par l’amour et la poésie. Les criminels ne sont plus punis, la corruption règne, les ennemis sont aux frontières et la guerre civile couve. Pour sauver le pays en dépit de l’entêtement du pharaon, les grands prêtres et l’armée destituent celui-ci, évitant un bain de sang. C’est Toutankhamon qui lui succèdera, et reviendra au culte traditionnel.
Cette curieuse parenthèse « monothéiste » dans l’histoire de l’Egypte ancienne nous est contée au travers des témoignages des protagonistes de l’époque, recueillis vers 1300 avant JC par un jeune Egyptien fasciné par ce pharaon atypique. Néfertiti, le grand prêtre d’Amon, la mère d’Akhénaton,…fidèle ou opposant, chacun décrit sa version des faits, son ressenti et son interprétation des événements.
Ce roman ressemble donc à une enquête journalistique, ou à un procès dans lequel les témoins défileraient à la barre. Et c’est le lecteur qui est juge, l’auteur ne prenant parti à aucun moment. C’est d’ailleurs un peu perturbant, j’ai encore du mal à me faire une opinion tant les voix sont discordantes.
J’en retiens d’Akhénaton l’image d’un roi malgré lui, préférant s’occuper de spiritualité que d’administration. Prêchant la croyance en un dieu unique, cherchant peut-être par là à affaiblir le tout-puissant clergé traditionnel, il ne pouvait que s’attirer les foudres de ce dernier, qui n’aura de cesse de manoeuvrer pour évincer cet hérétique.
Ce roman intéressant, agréable et facile à lire, nous plonge au coeur du règne d’un souverain controversé, dans un climat délétère de luttes d’influences, de manipulations, alliances, trahisons, jalousies, de rumeurs de démence, d’inceste ou d’hermaphrodisme, de malédictions et d’empoisonnements.
Une chose est certaine : Akhénaton non plus n’était pas destiné à être prophète en son pays.

Présentation par l’éditeur: 

Vers 1300 avant J.-C., Méri Moun, jeune Égyptien hanté par le souvenir du pharaon Akhénaton, décide de se consacrer à la recherche de la vérité sur le roi disparu. Tel un enquêteur d’aujourd’hui, il interroge tour à tour les disciples et les détracteurs de ce grand visionnaire qui n’avait pas hésité à proclamer sa foi en un Dieu unique d’amour et de vérité. La reine Néfertiti, son épouse, le général Horemheb et Aÿ, le prêtre d’Amon… tous ces personnages à la fois historiques et légendaires ressuscitent à travers les récits que recueille le jeune homme. Pas à pas, Méri Moun va revivre la fascination du culte solaire, la religion d’Aton.

Quelques citations:

– « Majesté, le mal pourrait-il triompher? »
Je vis son visage se fermer, puis s’épanouir lorsqu’il répondit:
« Le bien n’échoue jamais, le mal ne vainc jamais. Mais nous ne voyons du temps qu’une infime portion. La faiblesse et la mort font écran entre nous et la vérité… »

 Et comment les relations humaines reposeraient-elles sur l’amour? (…) Akhénaton s’adressait à son peuple en lui récitant des odes que sa femme reprenait en choeur, et à notre vénéré trône se substitua une cour de poètes et de musiciens ambulants qui anéantirent la gloire des pharaons. (…) En réalité il s’agissait d’une créature étrange (…) minée par un sentiment d’infériorité et d’humiliation, qui jeta son peuple dans l’opprobre, et qui en prêchant l’amour attisa au fond des coeurs les feux de la haine et de la corruption, et finit par déchirer la patrie et perdre l’empire.

Evaluation :

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4 commentaires

  1. Je le note !

    J’en profite pour te signaler la nouvelle adresse de mon site-blog (j’ai fait fusionner les deux) :

    https://promenadesculturelles2.wordpress.com

    Je transfère un par un les billets donc c’est un peu long mais je vais y arriver !

    Bises.

    Lydia

  2. Je passe mon tour. Ce n’est pas une époque historique qui me plait beaucoup…