Auteur: Italo Calvino
Editeur: Points – 2002 (321 pages)
Lu en 2012
Mon avis: 1770, quelque part non loin de Gênes en Italie. Période des Lumières, on sent le vent des révolutions qui commence à faire frémir les feuilles des arbres. Il est d’ailleurs beaucoup question de révolte et d’arbres dans ce livre. Jugez plutôt : à 12 ans, et parce qu’il refuse de manger les escargots du repas dominical, Côme, fils aîné du baron du Rondeau, grimpe dans les arbres. On croit d’abord à un caprice, mais la journée passe, puis la nuit, les jours, les saisons et les années, et Côme ne redescend pas. Au contraire, il s’installe dans les arbres, s’y déplace et y vit aussi à l’aise que nous les pieds sur terre.
Si on admet ce point de départ fantaisiste sans se poser de questions, comme des enfants, alors on se laisse captiver par ce conte, qui décrit la vie d’un original et anti-conformiste, qui à douze ans, sentait déjà que la vie « normale » et ses conventions n’était pas pour lui. Sans pour autant devenir ermite au fond des bois, puisqu’il vivra en bonne entente avec ceux restés à terre, continuant ses leçons avec son précepteur, découvrant la nature, le savoir, les hommes et même l’amour.
L’esprit de Voltaire n’est pas loin dans cette fantaisie, dans laquelle les réflexions philosophiques sur la vie en société n’empêchent pas l’humour, loin de là.
Ce livre fait partie d’une trilogie (la Trilogie des ancêtres), avec le Vicomte pourfendu, et le Chevalier inexistant.
Présentation par l’éditeur:
Monté à douze ans dans les arbres, Côme, baron du Rondeau, décide de ne plus jamais en descendre. Nous sommes en 1770. Des années plus tard, toujours perché, il séduira une marquise fantasque et recevra Napoléon en grande pompe.
Autoportrait, conte philosophique, Le Baron perché est une éblouissante invention littéraire, où Côme circule au milieu des yeuses comme Calvino dans les lignes.
Quelques citations:
– « Optimus Maximus était un chien perdu qui s’était joint à la meute par passion juvénile ».
– « Il comprit que les associations renforcent l’homme, mettent en relief les dons de chacun et donnent une joie qu’on éprouve rarement à vivre pour son propre compte : celle de constater qu’il existe nombre de braves gens, honnêtes et capables, tout à fait dignes de confiance. (Lorsqu’on ne vit que pour soi, on voit le plus souvent les gens sous leur autre face, celle qui nous force à tenir constamment la main sur la garde de notre épée).(…) Côme devait le comprendre plus tard : lorsque le problème commun n’existe plus, les associations perdent leur sens, et mieux vaut alors être un homme seul qu’un chef ».