Auteur: Jules Renard
Editeur: Le Livre de Poche – 1984 (187 pages)
Lu en décembre 2017
Mon avis: Poil de Carotte, le mal-aimé, jeune garçon aux cheveux roux et aux taches de son, François de son prénom de baptême, est le cadet des enfants Lepic. Est-ce son physique ingrat qui est à l’origine de sa maltraitance ? Allez savoir, ma bonne dame. Toujours est-il qu’il est le souffre-douleur attitré de sa mère, Madame Lepic au nom prédestiné, et qu’il subit les moqueries de ses frère et soeur. Quant à Monsieur Lepic, souvent absent, ce n’est pas qu’il soit indifférent au sort de son benjamin, mais il manque de courage face à sa femme. Poil de Carotte, qui a grandi sans l’amour maternel et la chaleur humaine auxquels on devrait tous avoir droit, en voit de toutes les couleurs ; quoi qu’il fasse, il sait qu’il sera puni. Face à ces brimades constantes, il se forge une carapace de résistance qui le rend peu attachant : menteur, manipulateur, provocateur même, cruel envers les animaux, mais qui ne détruit cependant pas sa sensibilité et son intelligence. Et de fait, même si l’histoire se limite à la jeunesse de Poil de Carotte, on a tout de même une vague idée de ce qu’il est devenu adulte, dans la mesure où le petit rouquin est en réalité l’alter ego de Jules Renard.
Loin de vouloir faire pleurer dans les chaumières, Jules Renard raconte ainsi son enfance, entre récit, scènes de théâtre et correspondance, sur un ton tragi-comique bourré d’ironie et d’humour cinglant. Sans développer d’analyse psychologique, il nous fait parfaitement ressentir les attitudes des uns et des autres.
Cette lecture, rapide, n’est pas des plus agréables en raison du malaise qu’on éprouve face au vécu de Poil de Carotte. Anti-conte de fées, ce classique de la littérature jeunesse peut être lu par des adultes et des « grands » enfants, mais les plus jeunes ne seraient sans doute pas à même d’en percevoir toute l’ironie et la subtilité.
Présentation par l’éditeur:
Pauvre Poil de Carotte ! Surnommé ainsi à cause de sa chevelure rousse et de ses taches de rousseur, rien n’est épargné à ce petit garçon… Bien malgré lui, il devient le souffre-douleur d’une famille où il a bien du mal à trouver sa place. Sans cesse raillé ou humilié, tout à tour victime de la cruauté de sa mère, madame Lepic, de la lâcheté de son frère, Félix ou du caractère bourru de son père, il doit encore souffrir de sa maladresse ou de sa malchance.
On ne peut s’empêcher d’être ému, révolté ou parfois effrayé devant toutes les épreuves qu’il doit supporter. Mais petit à petit, au fil des chapitres, on s’attache à ce petit garçon renfermé, secret, qui cache au fond de lui-même une tendresse et un coeur énormes et, par-dessus tout, une immense envie d’être aimé.
Un grand classique de la littérature enfantine au style riche, illustrant le thème des enfances difficiles.
Une citation:
Lettre de Poil de Carotte, en pension, à son père, Mr Lepic: […] J’apprends que tu dois aller à Paris. […] je profite de l’occasion pour te demander si tu ne pourrais pas m’acheter un ou deux livres. Je sais les miens par coeur. Choisis n’importe lesquels. Au fond, ils se valent. Toutefois je désire spécialement La Henriade, par […] Voltaire, et La Nouvelle Héloïse, par Jean-Jacques Rousseau. […]
Réponse de Mr Lepic: Mon cher Poil de Carotte, les écrivains dont tu me parles étaient des hommes comme toi et moi. Ce qu’ils ont fait, tu peux le faire. Ecris des livres, tu les liras ensuite.
J’aime beaucoup ce roman.
Je te souhaite tous mes vœux de bonheur pour cette nouvelle année. Bises.
Merci Lydia! Meilleurs voeux à toi aussi! Bizz
Merci Sylvie ! Bises !