Auteur: Jarred McGinnis
Editeur: Métailié – 19 août 2022 (352 pages)
Lu en août 2022
Mon avis: A 26 ans, Jarred est victime d’un terrible accident de voiture qui le prive de l’usage de ses jambes et le cloue dans un fauteuil roulant, et qui coûte également la vie à une jeune femme.
Jarred est seul pour affronter cette épreuve, ou presque : son père est la seule personne sur laquelle il pense pouvoir compter pour venir le chercher à l’hôpital. Même s’ils ne se sont pas vus ni entendus depuis dix ans, quand le gamin a fugué pour rouler sa bosse d’un bord à l’autre des USA.
Après la scène fracassante (excusez ce jeu de mots facile) qui ouvre le roman sur l’accident de voiture et le sauvetage de Jarred, « Le lâche » explore le thème de la reconstruction, celle d’un homme qui doit apprendre à vivre avec son handicap, et celle d’une relation père-fils, déglinguée depuis la mort de la mère de Jarred quand il avait 11 ans. Alternant passé et présent, le récit passe de la révolte et la colère au désespoir, de la frustration à la réconciliation, du fatalisme à la résilience, révélant peu à peu les petites lâchetés et les failles béantes des protagonistes, les unes expliquant peut-être les autres, ou inversément.
« Le lâche » est un roman (autobiographique?) qui réussit à éviter de tomber dans un pathos dégoulinant grâce à l’autodérision et les touches d’humour (grinçant et/ou désespéré) du narrateur.
La trame et la structure sont classiques, avec des allers-retours constants dans le temps, des personnages typés (sans cependant aller jusqu’à la caricature), et une fin somme toute assez prévisible. Le propos peut parfois sembler édifiant, mais l’ensemble est plutôt touchant, la lecture fluide et le style accrocheur, ce qui fait du « lâche » un très bon premier roman.
En partenariat avec les Editions Métailié.
Présentation par l’éditeur:
Un terrible accident de voiture, une femme meurt, un homme reste paralysé et un père retrouve son fils. Dix ans après s’être enfui de sa maison, l’adolescent qui fuguait sur les trains de marchandises et qui traversait le pays en stop est maintenant en fauteuil roulant. Son père, aussi aimant qu’écorché, est la seule personne qui viendra sans hésiter le chercher à l’hôpital.
Le Lâche est un premier roman poignant, touchant et plein d’humour sur les retrouvailles impossibles, les reconstructions d’un corps, d’une relation, d’une vie, d’une mémoire, et sur la possibilité de redécouvrir le bonheur quand tout semble perdu.
Ce livre décapant, qui explore avec puissance le pardon et le regard d’autrui sur la différence, signe la naissance d’un grand auteur capable de faire cohabiter la brutalité avec la lumière, le rire et la tendresse avec les souvenirs explosifs, le café filtre et les donuts avec l’ivresse de l’aventure.
Une citation:
– Je suis rentré à la maison et me suis déshabillé dans ma chambre. J’ai retiré chaussures et chaussettes à grand-peine. J’avais les pieds rouges et enflés, un des bénéfices secondaires de la paraplégie. Quand on ne fait pas travailler les muscles des jambes, le sang et autres liquides corporels descendent et stagnent dans les pieds. On peut enfoncer le doigt dans la chair comme dans une boule de pâte levée. Le creux persiste pendant quelques secondes avant de se remplir à nouveau. C’est une bonne animation pour les goûters d’enfants.