Auteur: Roberto Montaña
Editeur: Métailié – 2021 (160 pages)
Lu en février 2024
Mon avis: Trois quasi quinquagénaires argentins décident de partir ensemble pour passer un week-end au bord de la mer en Uruguay, juste de l’autre côté de la frontière.
Le trio se compose de Wave, ancienne pseudo-gloire (très) locale et éphémère du rock, tout juste cocufié par Madame ; de Mario, éternel célibataire qui vit toujours avec Maman ; et du Nerveux, qui porte bien son surnom, d’autant plus que sa femme et ses enfants sont sur le point de le larguer.
Les trois lascars ont eu l’idée de cette excursion lors d’une réunion d’anciens du lycée, alors que cela faisait trente ans qu’ils avaient perdu tout contact. Des tas de choses à se raconter, donc, ou pas…
La petite virée à la plage ne va pas tarder à se transformer de balade vaguement foireuse (tout compte fait, ils n’ont pas tellement d’affinités et pas grand-chose à se dire) en épopée épique (Wave, à l’origine du voyage, s’étant bien gardé de leur révéler son véritable but). De rocambolesque on verse dans le dangereux, puis carrément dans le dramatique.
Ce road-trip improbable de trois losers qui, quoi qu’ils en pensent, ont beaucoup à perdre, est un court roman tragi-comique, qui oscille entre burlesque et noirceur. L’auteur est apparemment connu pour ses pièces de théâtre, et cela se sent : le texte est fait essentiellement de dialogues, le style est incisif et minimaliste, le rythme trépidant. Mais qu’on ne s’y trompe pas : le questionnement existentiel de nos trois compères est réel et profond, et s’il y a beaucoup d’humour, c’est pour mieux cacher le désespoir.
Présentation par l’éditeur:
Trois quinquagénaires se retrouvent lors d’une réunion d’anciens élèves d’un lycée de Buenos Aires. Wave, rocker fainéant, convainc deux de ses vieux camarades de partir en week-end sur une plage en Uruguay.
À bord d’une vieille Ford Taunus, Mario, Le Nerveux et Wave prennent la route. Au lieu de retrouver leur adolescence, c’est rapidement leur présent qui s’impose : l’un vit encore chez sa mère, l’autre risque de divorcer et le rocker vient d’apprendre que sa femme le trompe (avec un gars « qui passe son temps au gymnase et écoute Shakira. Shakira ! Tu y crois, toi ? »).
Accompagnés d’une jeune autostoppeuse très enceinte, entre moqueries et petites misères, tout bascule au moment où l’un d’entre eux transpire trop en passant la frontière… De gaffes en malentendus, ce road-trip se transforme vertigineusement en roman noir, mais les héros sont très fatigués.
Un récit rythmé, très drôle, efficace, et des dialogues désopilants. L’auteur nous fait voyager avec une bande de bras cassés, salauds et finalement sympathiques. Un Big Lebowski du Cône Sud.