lundi , 18 mars 2024

Dans un royaume lointain

Auteure: Amina Richard

Editeur: Stock – 24 août 2022 (234 pages)

Lu en septembre 2022

Mon avis: En France, dans les années 60, une étudiante française rencontre un étudiant sénégalais. Pendant quelques temps, ils auront une relation amoureuse, puis la jeune femme tombe enceinte. L’avortement n’est pas au programme, le mariage non plus (« Ciel, qu’en diraient les gens ? »), elle n’imagine pas d’aller vivre au Sénégal, ni lui de s’établir en France.

Ils rompent, il rentre dans son pays et ne donnera plus signe de vie, elle élèvera seule sa fille métisse, Ndiolé. La petite fille grandit, bataillant avec le regard des autres et le racisme ordinaire, bête et méchant, mais sans trop souffrir apparemment de l’absence de son père.

Devenue jeune adulte, la voix de la petite fille privée de papa se fait pourtant entendre de plus en plus fort en elle, et la pousse à entreprendre des recherches. Elle découvre que son père est un universitaire reconnu dans son pays, où il occupe une position sociale importante. Ndiolé met le cap sur Dakar, mais la désillusion sera grande. Elle reprendra encore contact quelques années plus tard, pour essayer d’enfin apaiser la petite fille en elle, qui continue de réclamer son papa.

« Dans un royaume lointain » est un roman sur la quête d’identité, des racines, et le besoin d’être reconnue par elles, en l’occurrence par un père qui n’a jamais fait aucun cas de votre existence. Une quête encore compliquée ici par la distance et la différence de cultures.

C’est un texte très touchant et sensible, original en ce qu’il est écrit à la deuxième personne du singulier (un risque, parce que cela s’avère parfois lassant pour le lecteur, mais ici, cela fonctionne bien sur la longueur). Il décrit avec beaucoup de finesse psychologique le questionnement et les hésitations de Ndiolé, entre oublier ce géniteur qui ne s’est jamais comporté en père, et avoir besoin d’être reconnue par lui pour pouvoir avancer, entre continuer tranquillement sa vie en tant que Française quitte à renier la moitié de ses origines, et la curiosité de se découvrir une autre famille sur un autre continent. Jolie découverte que ce très bon premier roman.

En partenariat avec les Editions Stock via Netgalley.

#Dansunroyaumelointain #NetGalleyFrance

Présentation par l’éditeur:

Élevée par sa mère blanche dans la France des années 1970 et des publicités Banania, une jeune femme métisse part à la recherche de son père au Sénégal. Elle est poussée par un élan vital : celui d’une enfant obstinée de quatre ans, pétrie de littérature enfantine et d’attentes irrésolues, qui refuse de grandir tant qu’il ne l’aura pas reconnue comme sa fille.
Mais une fois au Sénégal, tout la déconcerte : l’accueil que lui réserve son père, les inconnus qui forment son cercle familial, les lieux, les odeurs, les sourires et les mots… Elle arrive en étrangère dans un pays qui n’est pas le sien.
Que comprendre de ce destin fragmenté ? L’histoire intime de chacun s’inscrit-elle, comme au cœur des contes, dans un royaume lointain qu’il faut atteindre pour y trouver sa vérité ?

Le style d’Amina Richard frappe par sa maîtrise, par la vivacité de son ton suscitant tour à tour émotion, colère, rire ou consternation, et par son amplitude qui invite le lecteur à littéralement respirer le texte, comme s’il partageait le souffle de la narratrice.

Une citation:

– Regardant ma fille sauter au cou de Djibril, en remerciement de la série de pitreries qu’il vient d’exécuter pour elle, je m’avise, pour la première fois, que l’amour que je n’ai pas reçu de mon père m’a peut-être moins manqué que celui que je n’ai pas eu l’occasion de lui donner, un amour inconditionnel d’enfant, celui avec lequel on cherchera toute sa vie à embrasser le monde, celui à travers lequel on voudrait savoir se regarder soi-même, celui que nous sommes tous destinés à redécouvrir, au terme d’une longue quête, là où il s’est toujours trouvé, dans la salle au trésor de notre palais

Evaluation :

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2 commentaires

  1. Je ne l’avais pas repéré, je le note