mardi , 10 décembre 2024

La bonne chance

Auteur: Rosa Montero

Editeur: Métailié – 2 septembre 2021 (300 pages)

Lu en juillet 2021

Mon avis: Jusque là, on pouvait affirmer sans trop de risque de se tromper que la vie souriait à Pablo, la cinquantaine, beau gosse, architecte à la renommée mondiale (donc riche). Pourtant, ce jour-là, en chemin pour un énième rendez-vous professionnel, il débarque subitement du train, pour se rendre à Pozonegro (« puits noir »), quelque part entre Madrid et Cordoue, bled perdu et misérable, oublié du monde. Sur un coup de tête, il y achète un petit appartement crasseux, en bordure du chemin de fer, et s’y installe aussitôt, campant à même le sol douteux. Pourquoi agit-il de la sorte ? Il ne le sait pas lui-même, il sait juste qu’il fuit, quelqu’un ou quelque chose, à moins que ce ne soit carrément son ancienne vie.

Mais rien n’est jamais aussi simple, et n’est pas ermite qui veut. Son arrivée et l’acquisition au prix fort de la bicoque ne passent pas inaperçus à Pozonegro, petite ville où tout le monde se connaît et sait tout, et si pas, l’invente. Pablo ne peut éviter les contacts, les questions. Il y a Raluca, sa jeune voisine un peu inculte mais à la poitrine intéressante, abandonnée par ses parents à la naissance mais au tempérament optimiste et un peu envahissant ; Felipe, l’autre voisin, vieux et malade qui ne se déplace pas sans sa bonbonne d’oxygène ; une mère et sa fillette dans un autre appartement, d’où ne proviennent que leurs cris; les collègues de Raluca, jalouses ou gentilles, des truands de pacotille, des flics plus ou moins compétents ou pourris. Pablo doit composer avec son nouvel entourage et se retrouve impliqué malgré lui dans cette petite communauté étriquée. Sans compter que ceux qu’il fuyait ont vite fait de retrouver sa trace, et l’obligent à se confronter au lourd secret familial qui le ronge depuis des années.

Présenté comme une lutte entre le Bien et le Mal, « La bonne chance » se lit facilement. L’histoire est sympathique, l’intrigue est habilement menée, les péripéties s’enchaînent, le style est agréable. Mais au vu de ce que Rosa Montero est capable d’écrire (« L’idée ridicule de ne plus jamais te revoir », pour citer le meilleur de ses livres, à mon humble avis), celui-ci m’a déçue : les personnages sont stéréotypés, les thèmes (violences envers les femmes et les enfants, différences de classes sociales, paternité) ne sont  qu’effleurés, les coïncidences improbables : tout est bien qui finit trop bien, trop vite et trop facilement. J’aurais préféré une fin plus complexe, où tout ne s’emboîte pas aussi parfaitement, plus crédible et moins romantique, mais dans ce cas le roman n’aurait pas pu s’intituler « La bonne chance ».

En partenariat avec les Editions Métailié.

#LaBonneChance

Présentation par l’éditeur:

Qu’est-ce qui pousse un homme à descendre d’un train à l’improviste et à se cacher dans un village perdu ? Il veut recommencer sa vie ou en finir ? Il fuit quelqu’un, ou quelque chose, peut-être lui-même ? Le destin l’a conduit jusqu’à Pozonegro, un ancien centre minier à l’agonie. Devant chez lui passent des trains qui peuvent être son salut ou sa perte, tandis que ceux qui le cherchent sont à l’affût.

Mais dans ce lieu maudit, où tout le monde a un secret, certains plus obscurs et dangereux que d’autres, cet homme rencontre des gens comme la lumineuse et généreuse Raluca, peut-être un peu cinglée aussi, qui croit que la joie est une habitude.

Une intrigue ensorcelante, d’une précision d’horlogerie, dévoile peu à peu le mystère de cet homme et, ce faisant, explore nos pulsions : la peur, la culpabilité, la haine et la passion.

Rosa Montero nous parle du Bien et du Mal, elle écrit un roman vivifiant et lumineux qui met l’amour, l’espoir et la rédemption au premier plan. La plume de Rosa Montero est un heureux antidote contre les temps qui courent.

Evaluation :

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