Auteur: David Zukerman
Éditeur : Calmann-Lévy – 2 janvier 2019 (450 pages)
Lu en septembre 2020
Mon avis: Aïe. Qu’est-ce qui m’arrive ? J’ose pas le dire vu la flopée de critiques élogieuses.
Bon allez : « San Perdido » m’a perdue, j’ai pas aimé, je me suis ennuyée.
D’abord, la quatrième de couverture est réductrice. Il est bien question d’un jeune garçon noir, muet, aux étranges yeux bleus et aux mains surpuissantes, qui surgit de nulle part un matin de chaleur, dans une décharge d’une ville imaginaire au Panama, à la moitié du siècle passé. On nous le présente comme un futur héros, un justicier silencieux volant discrètement au secours de la veuve et de l’orphelin, alors on s’attend à une épopée, une geste héroïque étalée sur les 450 pages qu’on tient en mains.
Las. A la lecture, on s’aperçoit que cette légende se construit de loin en loin, presque à l’insu de ceux qui bénéficient de son aide. Un fil rouge ténu plutôt qu’un sujet principal, plaqué sur des pouvoirs surnaturels et sur une sombre histoire de vengeance remontant à la colonisation espagnole et à la traite des esclaves noirs.
Mais alors de quoi parle « San Perdido » ? De beaucoup (trop) de choses, mais surtout de magouilles et de complots politiques, et des frasques sexuelles du gouverneur local, surnommé comme il se doit « El Toro ». L’histoire donne aussi à observer le gouffre entre les très riches et les très pauvres, l’exploitation des travailleurs, la solidarité des petites gens, la rivalité mortelle des puissants et la prostitution déclinée selon tous les niveaux de pouvoir d’achat, de la luxueuse maison close de « Madame » sur les hauteurs de la ville aux bordels sordides du port.
Portrait d’une ville fictive et d’un pays bien réel qui a tout d’une république bananière, « San Perdido » m’a intéressée pour les repères historiques sur le Panama (colonisation, indépendance et création de toutes pièces d’un Etat pour permettre la construction du canal, conséquences de la présence US). Pour le reste, il y a trop de tout : trop de sexe et d’étalage de chair fraîche, trop de détails, trop de descriptions, de digressions qui égarent, trop d’alcool et de cigarettes (toute la panoplie des marques de l’époque y passe, j’en suis ressortie avec les poumons oppressés), trop de bavardages et trop peu d’action, trop d’adjectifs et d’adverbes, trop de jurons en espagnol dans un texte écrit en français avec des personnages hispanophones (pour moi ce n’est pas cohérent, ni utile pour le côté « couleur locale »). Certes il y a quelques personnages attachants, mais caricaturaux pour la plupart ; les motivations du héros et de son mentor sont au final assez insaisissables : revanche d’un peuple opprimé, Robin des Bois panaméen ? Quant au twist final saupoudré de réalisme magique, il m’a laissée incrédule.
Trop d’ennui, de lourdeur et d’improbabilité, mon indulgence s’est lassée.
Présentation par l’éditeur: