Auteur: Romain Gary
Editeur: Gallimard – 1977 (176 pages)/Folio – 1982 (180 pages)
Lu en octobre 2024
Mon avis: Michel aime sa femme Yannick d’un amour fou, mais celle-ci se meurt d’un cancer. Lydia aimait sa petite fille et son mari, mais les a perdus dans un accident de voiture : sa fille est morte, son mari garde des séquelles neurologiques irréversibles.
Michel et Lydia se rencontrent, se percutent même, sur un trottoir, et d’un seul coup d’œil Michel comprend que c’est Lydia qu’il va, qu’il doit aimer, pour continuer, ne pas oublier l’amour de Yannick, l’amour avec Yannick. Yannick qui a formulé ainsi ses dernières volontés : « Je suis obligée de te quitter. Je te serai une autre femme. Va vers elle, trouve-là, donne-lui ce que je te laisse, il faut que cela demeure. La plus cruelle façon de m’oublier, ce serait de ne plus aimer ».
Michel et Lydia, deux profondes blessures d’amour, deux détresses qui, le temps d’une nuit, se raccrochent l’une à l’autre et tentent de (se) maintenir la tête hors de l’eau glaciale de la solitude et du désespoir. Mais suffit-il « d’être malheureux séparément pour être heureux ensemble » ?
C’est une histoire d’amour, de vie, de mort, de couple, de survie, de fidélité à l’autre et de trahison à soi-même, peut-être, ou l’inverse. Parce que ici: qui aime qui? Michel aime-t-il déjà Lydia, ou toujours Yannick, ou bien est-ce l’idée de l’amour qu’il aime? Et Lydia, croit-elle à ce coup de foudre?
Une histoire douce, amère, lumineuse et désespérée, tragique et loufoque (grâce aux personnages secondaires farfelus). De la pureté, de la sensibilité, de la douleur, une touche d’humour exubérant qui m’a fait penser à Gros-Câlin. Des dialogues poignants, des pensées fulgurantes.
De belles formules et phrases, un peu trop peut-être. En tout cas un petit quelque chose, inexplicable, en trop ou en trop peu, qui fait que je n’ai pas tout à fait accroché à cette histoire d’amour improbable.
Présentation par l’éditeur:
Ce roman est un chant d’amour à cette « troisième dimension » de l’homme et de la femme : le couple. L’union de Yannick et Michel est rompue par un destin inéluctable. Mais un désespoir d’amour qui désespérerait de l’amour est pour eux une contradiction qu’ils ne peuvent admettre. Il faut donc triompher de la mort. Yannick dit à Michel : « Je vais disparaître, mais je veux rester femme. Je te serai une autre. Va vers elle. Va à la rencontre d’une autre patrie féminine. La plus cruelle façon de m’oublier, ce serait de ne plus aimer. » Et c’est ainsi qu’apparaît Lydia et que se reformera, dans une célébration passionnée, au-delà de l’éphémère, la patrie du couple, où « tout ce qui est féminin est homme, tout ce qui est masculin est femme ».
Quelques citations:
– J’ai connu tant de femmes, dans ma vie, que j’ai pour ainsi dire toujours été seul. Trop, c’est personne.
– Je l’ai aimé vraiment, pendant dix ans. Et quand j’ai cessé de l’aimer, j’ai essayé de l’aimer encore plus. Allez comprendre.
– La culpabilité. On a honte. On ne veut pas l’admettre. On lutte. Moins on aime et plus on essaie. Parfois, on fait de tels efforts que c’est l’asphyxie. D’ailleurs, ce qui leur plaît, là-haut, ce ne sont pas nos victoires ou nos défaites, mais la beauté de nos efforts. Avez-vous essayé la gelée royale des abeilles? Il paraît que cela donne des forces.
– Je ne comprends pas qu’un amour puisse finir…
– Oui, cela semble jeter le discrédit sur toute l’institution.
– Nous crevons de faiblesse, et cela permet tous les espoirs. La faiblesse a toujours vécu d’imagination. La force n’a jamais rien inventé, parce qu’elle croit se suffire. C’est toujours la faiblesse qui a du génie. Les ténèbres ont dû faire une drôle de tête, lorsque l’homme pour la première fois leur a foutu le feu à la gueule.