Auteur: Kurt Vonnegut
Editeur: Seuil – 1974/Gallmeister – 2014 (313 pages)
Lu en octobre 2024
Mon avis: Quelque part dans les années 70 aux USA, deux « champions » qui s’ignorent et n’ont rien en commun (sauf leur âge mûr) vont se rencontrer, et c’est dommage, parce que, sans cela, on aurait pu éviter quelques dégâts (mais le lecteur aurait moins ri).
D’un côté, nous avons Kilgore Trout, auteur de SF aussi obscur que prolifique, dont les romans sont détournés et publiés dans des revues pornos.
De l’autre, Dwayne Hoover, concessionnaire de voitures, prototype du self-made-man et du rêve américain, dont le cerveau disjoncte lentement mais sûrement.
A ces deux spécimens, il faut ajouter le narrateur Philboyd Studge (double fictif de Vonnegut), qui se présente comme l’auteur de l’histoire que nous allons lire, et qui ne se privera d’ailleurs pas d’intervenir à tout moment dans le récit. Il nous explique la vie sur Terre (et singulièrement aux Etats-Unis) comme si nous étions des Martiens, à coup de petits dessins enfantins. C’est aussi lui qui nous annonce dès le départ que Trout et Hoover vont se rencontrer dans un festival d’art, au cours duquel le premier va offrir l’un de ses romans au second, lequel va se transformer en sombre brute après lecture.
« Le petit déjeuner des champions » est un portrait féroce de l’Amérique de l’époque, de ses névroses et de ses travers. Tout y passe : le Vietnam, les armes à feu, les fast-foods, le puritanisme hypocrite, l’obsession pour le sexe, le racisme, l’égoïsme, l’individualisme et la solitude, l’écologie, la religion, l’hyper-consommation (eh oui, déjà).
J’ai rarement lu un bouquin aussi déjanté et schizophrénique (où le narrateur est à la fois personnage et auteur de l’histoire avec droit de vie et de mort sur les protagonistes). Un roman totalement délirant où Vonnegut flingue à tout va la société américaine, en visant plutôt juste. C’est jouissif et drôle, mais on rit un peu jaune en se disant que, 50 ans plus tard, peu de choses ont changé…
Présentation par l’éditeur:
Voici l’histoire d’une rencontre entre deux hommes solitaires, maigrichons et plus tout jeunes. Le premier, Kilgore Trout, obscur auteur de science-fiction, passe ses soirées à prédire l’apocalypse à son seul ami, Bill, une perruche. Quant à Dwayne Hoover, riche concessionnaire Pontiac dont l’unique compagnon est un chien nommé Sparky, il est sur le point de perdre la tête. Lorsque Kilgore Trout rencontre Dwayne au cours d’un festival, il lui offre l’un de ses romans. La lecture de ce livre va transformer Dwayne en monstre.
Kurt Vonnegut, immense figure de la littérature américaine, démantèle dans ce roman prophétique la folie du monde moderne dans un jeu de massacre où rien ni personne n’est épargné.