Auteur: Philippe Labro
Editeur: Folio – 2010 (416 pages)
Lu en juillet 2015
Mon avis: Les gens. Avec un vocable aussi courant et aussi générique pour titre, on se dit que ce roman nous parlera de « gens » normaux et courants, empêtrés dans leur quotidien banal. On se dit que ce roman parlera de gens comme nous, et que leurs histoires lambda seront transcendées par la plume ou l’imagination de l’auteur, qui les transformera en tranches de vies bouleversantes, amusantes ou tragiques. Eh bien non, pas du tout. le premier personnage qu’on nous présente n’a rien d’ordinaire : une toute jeune femme jolie comme un coeur, littéralement sortie du ruisseau, et qui, à force de persévérance et de coups de chance, devient la nounou indispensable dans une famille d’Américains fortunés (oui, j’oubliais de préciser : cette partie de l’histoire se déroule en Californie, ce qui n’est pas des plus courants pour un roman français). On passe ensuite à d’autres personnages, bien parisiens ceux-là, mais loin, eux aussi, d’être des Monsieur et Madame Tout-le-monde : un présentateur-vedette de talk-shows télévisés, la compagne d’un célèbre producteur de cinéma, et tout un entourage virevoltant dans la sphère à paillettes du showbiz, voire de la politique. Bref, impossible de s’identifier à ces « gens », trop parfaits ou trop hors du commun, et que l’auteur n’aide pas à rendre sympathiques, puisqu’il en fait des caricatures, dont le point commun est le manque d’amour : la star de la télé imbuvable (à cause de son enfance malheureuse), l’orpheline belle et battante (sans ça elle ne serait jamais sortie de son enfance malheureuse), les super-women parisiennes, toutes belles et pros dans leurs métiers respectifs (sans qu’on sache si c’est à cause d’une enfance malheureuse ou pas). La 4ème de couverture parle d’un « portrait captivant de nos contemporains ». Contemporains, certes, mais captivant, non, parce que ces personnages superficiels, évoluant dans un monde hypocrite où les couteaux sont en permanence tirés et à peine cachés derrière des sourires Pepsodent, ne suscitent pas l’empathie. Comment voulez-vous vous comparer à des gens dont les seules inquiétudes sont leur calvitie précoce ou le choix de leur robe pour le prochain cocktail de l’Ambassadeur, ou même à cette jeune orpheline qui barbotait dans le caniveau avant d’être propulsée en quelques mois dans l’univers douillet des Américains les plus privilégiés ?
Trop de coïncidences, trop de chance, des destins improbables qui s’emboîtent trop parfaitement, de surcroît racontés avec un ton snob emphatique truffé d’anglicismes agaçants et de réflexions existentielles plates ou creuses comme des huîtres mais sans la perle. Ce sont des vies qui ont été, sont ou deviennent des contes de fées, mais elles ne m’ont pas fait rêver.
Présentation par l’éditeur:
Trois destins parallèles s’entrecroisent, trois vies dont le seul point commun est le manque d’amour : Maria, une jeune orpheline californienne d’une beauté rare, Caroline, une Parisienne trentenaire, enfin Marcus Marcus, célébrité de la télévision, mégalo et parano. Autour d’eux, vont graviter toutes sortes de gens : la femme de l’ambassadeur américain en France, une intraitable executive woman, un détective privé, une coach sans scrupule, des loups et des agneaux… Philippe Labro nous offre, de San Francisco jusqu’aux cercles de pouvoir parisien, une ronde étourdissante. Pour dresser de manière drôle, critique et profondément attachante, un portrait captivant de nos contemporains.
Pas franchement attirant, c’est le moins qu’on puisse dire.
J’avais bien aimé cette lecture sur le manque d’amour. On ne peut pas tout avoir dans cette vie…
Oui, sans doute, et malheureusement 😉 N’empêche qu’à la fin du livre, 2 personnages principaux sur 2 finissent par le trouver, l’amour, et c’est ce côté happy end très US (ou très conte de fées) qui m’a un peu agacée 😉
Je suis absolument d’accord avec toi. Monsieur Labro est un spécialiste des média qui a pignon sur rue, qu’on a vu partout pendant longtemps, qui était en photo en grand dans les abris de bus dans les années 90 et qui a une écriture d’une grande platitude. Oups faut pas qu’j’m’énerve…
Merci pour ton commentaire, Philippe.
Non, ne t’énerve pas, ça/il n’en vaut pas la peine 😉